Uber, DoorDash et Grubhub l’ont mauvaise. Pour les livreurs en revanche, c’est une avancée majeure. Jeudi 28 septembre, les trois géants de la livraison à domicile ont échoué à faire suspendre en justice une mesure de salaire minimum que la ville de New York veut imposer pour les livreurs à vélo, devenus incontournables durant la pandémie de Covid.

«Sous la pluie, la neige, la grêle ou la chaleur, ils ne renoncent jamais à nous livrer, et maintenant nous pouvons nous aussi finalement leur être redevables», s’est félicité le maire démocrate de la mégapole de 8,5 millions d’habitants, Eric Adams. Ce «salaire décent» est «une avancée considérable qui entraînera d’énormes changements, pour les livreurs, s’est aussi réjoui, sur X (ex-Twitter), Gustavo Ajche, leader du mouvement de livreurs Los Deliveristas Unidos. Aujourd’hui est un moment historique pour tous les livreurs qui continuent de livrer de la nourriture, des produits d’épicerie et des médicaments à tous les New-Yorkais. Nous avons gagné l’une des nombreuses batailles !»

Du côté des patrons des plateformes de livraison, c’est un autre son de cloche. Via un porte-parole, l’entreprise Doordash a jugé la décision de la Cour Suprême de l’Etat de New York de «résultat extrêmement décevant», ajoutant qu’«un taux de rémunération aussi extrême va réduire les opportunités et augmenter les coûts pour tous les New-Yorkais». Les plateformes ont retardé l’instauration de ce salaire minimum initialement prévue le 12 juillet dernier en saisissant la justice. Doordash jugeait notamment que la ville se fondait sur des sondages «biaisés et non fiables» auprès des livreurs.

Après un long travail d’étude et de concertation, la ville de New York avait annoncé en juin la mise en place d’un salaire minimum horaire de 17,96 dollars, porté à 19,96 dollars en 2025, puis ajusté en fonction de l’inflation, pour les quelque 60 000 livreurs à vélo travaillant pour les applications de livraisons de repas. La ville revendique une première aux Etats-Unis, sur fond de débat récurrent sur le modèle de la «gig economy» (l’économie des «petits boulots»), car les travailleurs n’ont pas le statut de salariés, ni les droits qui les accompagnent.

A New York, les livreurs, appelés aussi «deliveristas» car il s’agit essentiellement d’immigrés de pays d’Amérique latine, avaient été célébrés au plus fort de la crise du Covid-19, devenus indispensables pendant que restaurants, bars et commerces étaient fermés dans «la ville qui ne dort jamais».

Selon l’étude de la ville, publiée en novembre 2022, les livreurs gagnaient alors en moyenne 14,18 dollars de l’heure pourboires des clients inclus, mais seulement 7,09 dollars sans les pourboires, auxquels il fallait retrancher 3,06 dollars de frais non pris en charge.