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Canada

A Ottawa, la police à l’assaut des camionneurs anti-mesures sanitaires

Alors que les camionneurs du «convoi de la liberté» paralysent le centre de la capitale canadienne depuis début février, les forces de l’ordre utilisent désormais des «substances chimiques» pour déloger les protestataires.
Un policier à Ottawa, ce samedi. (DAVE CHAN/AFP)
publié le 19 février 2022 à 20h00

La police a musclé ses efforts ce samedi pour déloger les centaines de camionneurs du «convoi de la liberté» qui paralysent encore le centre d’Ottawa, protestant depuis plus de trois semaines contre les mesures sanitaires. La police locale dit désormais utiliser des «substances chimiques» contre des manifestants «agressifs».

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, durcit désormais le ton. Les autorités canadiennes ont déclenché vendredi une intervention policière pour déloger les protestataires. Après une nuit marquée par des heurts et plus d’une centaine d’arrestations, la tension est montée d’un cran devant le Parlement canadien. La police a encerclé les manifestants et a détruit les vitres de camions afin de mettre fin à leur longue occupation de la capitale. En retour, elle a fait face à des jets de fumigènes et à une chaîne humaine. Les autorités ont annoncé ce samedi avoir arrêté 47 personnes et remorqué une trentaine de véhicules.

Casques et matraques

Plus tôt, dans la journée, la police avait lancé un ultimatum. «Nous vous avons dit de partir. Nous vous avons donné le temps de partir. Nous avons été lents et méthodiques, mais vous vous êtes montrés agressifs envers les agents et les chevaux», ont tweeté les autorités de cette ville d’ordinaire très calme, dans la matinée. «Compte tenu de votre comportement, nous ajustons notre équipement pour inclure des casques et des matraques pour notre sécurité», ont-ils ajouté.

Quelques instants avant un nouvel assaut de la police, les manifestants toujours sur place étaient en train de nettoyer leurs pancartes recouvertes de neige dénonçant les mesures sanitaires liées au Covid-19. D’autres essayaient de se réchauffer près d’un feu de camp sous les klaxons frénétiques des camions encore présents. De nombreux camionneurs ont aussi choisi de partir d’eux-mêmes et d’enlever leur poids lourd des rues.

Minimisé au départ par les autorités, ce mouvement dit convoi de la liberté, initié fin janvier, est parti de camionneurs protestant contre l’obligation d’être vaccinés pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Mais les revendications se sont étendues à un refus de l’ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.

Mesures d’urgence

Après une journée de fermeture exceptionnelle due au contexte sécuritaire, le Parlement a repris ce samedi ses travaux autour de l’utilisation de la loi sur les mesures d’urgence décrétée par le Premier ministre canadien, qui a par ailleurs convoqué ce samedi une réunion de crise.

La chambre examine depuis jeudi la mise en œuvre de cette loi invoquée lundi par Justin Trudeau pour mettre un terme aux blocages «illégaux» en cours dans le pays. C’est seulement la deuxième fois que cette disposition est utilisée en temps de paix, et elle est très contestée par l’opposition conservatrice.

Justin Trudeau a assuré que la loi ne serait pas utilisée pour envoyer l’armée contre les manifestants ou limiter la liberté d’expression. Le but est simplement «de faire face à la menace actuelle et de maîtriser pleinement la situation», avait-il affirmé en fin de semaine. «Les blocus et les occupations constituent une menace pour notre économie et nos relations avec nos partenaires commerciaux», avait-il encore précisé.