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Libération
Reportage

«A quoi reconnaît-on un Russe en Argentine ? A sa femme enceinte»

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Terre d’accueil, l’Argentine est particulièrement prisée par les femmes qui attendent un enfant. Avec le droit du sol, un bébé né sur place obtient un passeport bien plus avantageux dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine.
Elizaveta Botova lors d'un contrôle de routine à l'hopital Ramos-Mejia, le 15 mars à Buenos Aires. (Anita Pouchard Serra/Libération)
par Mathilde Guillaume, Correspondante à Buenos Aires
publié le 24 mars 2023 à 16h58

«Il y a encore quelques mois, je me disais : j’ai découvert à Buenos Aires mon petit coin de paradis à moi. C’est si loin que personne ne pensera à venir s’y installer… Aujourd’hui on entend parler russe partout !» Natalia (1) a 32 ans, un rire tonitruant et un cœur en verre soufflé aux couleurs du drapeau argentin autour du cou. Cette professeure de langues et son mari écrivain, tous deux militants progressistes et anti-Poutine, ont été parmi les premiers à quitter la Russie pour l’Argentine, quelques heures seulement après l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022. «C’est une terre d’immigrants, et puis les gens savent ce qu’est une dictature : ils font la différence entre un gouvernement et ses citoyens. La première semaine, j’ai fondu en larmes à la boulangerie quand la vendeuse m’a demandé très gentiment d’où je venais. Derrière l’étal de croissants, une télévision montrait les bombardements et j’avais si honte. Je lui ai dit que j’étais russe et elle m’a prise dans ses bras.»

Un peu plus d’un an après l’arrivée de Natalia et de son mari, près de 24 000 citoyens russes les ont rejoints en Argentine, avec une nette accélération depuis