1973-2023 : cinquante ans après le coup d’Etat à Santiago et la mort de Salvador Allende, un numéro spécial de Libération sur la mémoire d’un événement qui continue de fracturer le Chili, et qui a bouleversé la gauche en France et à l’étranger. Nos articles sur cet anniversaire sont à lire ici.
Pour se rendre aux archives de la Cinémathèque nationale, rue José-Domingo-Cañas dans le quartier de Nuñoa, il faut passer devant un terrain qui semble à l’abandon. Seules des photos en noir et blanc fixées sur de fins bâtons blancs rappellent qu’on longe un ancien lieu de torture, en plein centre de Santiago. Quelques visiteurs prennent des photos et se recueillent. Nous sommes le 30 août, jour des disparus au Chili. Une journée où le souvenir et la lutte contre l’oubli sont encore plus prégnants que d’habitude. C’est cet état d’esprit qui anime depuis 2006 la Cinémathèque nationale, installée sur la même artère. Depuis juin et jusqu’à novembre, elle offre une programmation étonnante autour du coup d’Etat du 11 septembre 1973, qui embrasse l’activisme militant proche de l’Unidad popular (l’Unité populaire, la coalition de gauche qui a porté Salvador Allende au pouvoir en 1970), les œuvres des exilés et les films que la dictature a produits «pour construire une cinématographie antagoniste à celle qui avait précédé», assure Marcelo Morales, 42 ans, directeur du lieu.
Lui est le fils d’ouvriers issus de