La bromance semblait déjà loin, Elon Musk enfonce le clou. Le patron de Tesla a jugé ce mardi 3 juin que le mégaprojet de loi budgétaire du Congrès défendu par Donald Trump était une «abomination répugnante», alors qu’il vient à peine de quitter l’administration républicaine. Cette violente charge contre l’un des projets les plus chers à Donald Trump «ne change rien à la position» de ce dernier, a rapidement réagi la Maison Blanche. «Le Président savait déjà ce que pensait Elon Musk», a affirmé ce mardi à la presse la porte-parole Karoline Leavitt.
«C’est une «grande et belle loi", et il s’y tient», a-t-elle ajouté, utilisant l’appellation employée par l’administration américaine pour qualifier cette clé de voûte du programme présidentiel. Elle comprend notamment l’extension des crédits d’impôt monumentaux du premier mandat du milliardaire républicain, qui arrivent à expiration à la fin de l’année.
Selon différents analystes indépendants, les prolonger pourrait accroître le déficit de l’Etat fédéral de 2 000 milliards à 4 000 milliards de dollars sur la prochaine décennie. Les coupes budgétaires pourraient, elles, affecter des millions d’Américains les plus défavorisés, comme des bénéficiaires du programme d’assurance-maladie Medicaid, destiné aux plus pauvres.
«Honte à ceux qui l’ont voté»
Pour l’homme le plus riche du monde, qui avait été chargé ces quatre derniers mois par Donald Trump d’effectuer des coupes drastiques dans le budget des Etats-Unis, «ce projet de loi budgétaire énorme, scandaleux et clientéliste est une abomination répugnante». «Honte à ceux qui l’ont voté : vous savez que vous avez eu tort», a assené Elon Musk dans un message sur son réseau social X.
Intelligences artificielles
Voté fin mai à la Chambre des représentants, sous la pression de Donald Trump, le projet de loi est examiné depuis lundi par le Sénat, où les républicains sont majoritaires. Le président américain a averti les sénateurs qu’il voulait voir cette loi sur son bureau «dès que possible» pour promulgation.
Mais des élus de son propre camp ont toutefois fait part de leur intention d’apporter d’importantes modifications. Les républicains modérés rechignent en effet à réduire drastiquement les dépenses, tandis que les partisans de la rigueur budgétaire dénoncent le projet comme une bombe à retardement pour les finances de l’Etat, alors que la dette américaine frôle les 37 000 milliards de dollars.
Ces républicains frondeurs sont peu nombreux, moins d’une dizaine, mais suffisamment «pour arrêter le processus jusqu’à ce que le président prenne au sérieux la réduction des dépenses et du déficit», a récemment déclaré l’un d’eux, le sénateur Ron Johnson.
Fortes tensions
La sortie fracassante d’Elon Musk, qui avait déjà critiqué ce texte budgétaire mais beaucoup plus prudemment, a souligné les fortes tensions entre le multimilliardaire et l’administration qu’il a quittée.
Un jour après avoir chaleureusement remercié Musk pour son action auprès de l’administration, comme pour couper court aux rumeurs sur un froid entre eux, Donald Trump avait retiré samedi son soutien au candidat qui devait prendre la tête de la Nasa, un proche d’Elon Musk.
Le natif d’Afrique du Sud, dont les relations avec les ministres de Trump ont été difficiles, avait assuré la semaine dernière vouloir rester «l’ami et le conseiller» du Président.