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Libération
Drame

Affaire Boeing : un lanceur d’alerte retrouvé mort aux Etats-Unis, la thèse du suicide privilégiée

John Barnett, 62 ans est mort samedi 9 mars dans l’Etat américain de Caroline du Sud, d’une blessure «auto-infligée», selon les autorités locales. Il avait dénoncé les négligences en matière de sécurité de son ancien employeur.
John Barnett (DR)
publié le 12 mars 2024 à 17h29

Il avait consacré les dernières années de sa vie à dénoncer les négligences en matière de sécurité de son ancien employeur, l’Américain Boeing. John Barnett, 62 ans, a été retrouvé mort dans son camion, sur le parking d’un hôtel à Charleston, dans l’Etat américain de Caroline du Sud, selon une information publiée lundi 11 mars par la BBC. C’est là que le lanceur devait être interrogé par la justice, samedi 9 mars, dans le cadre de la procédure judiciaire qu’il avait intentée contre le géant de la construction aéronautique. Il ne s’est jamais présenté. Selon les autorités du comté de Charleston, qui s’occupent de l’affaire, le décès remonte à ce même samedi 9 mars. Il aurait été causé par un «coup de pistolet auto-infligé», un suicide, donc, ajoute le communiqué, qui précise que les investigations se poursuivent.

John Barnett, 32 ans d’entreprise à son actif jusqu’à sa retraite en 2017, avait travaillé à partir de 2010 comme responsable de la qualité à l’usine de North Charleston, qui fabrique le 787 Dreamliner. Dans la presse, il avait fait état d’une série de défaillances à même de mettre en péril la sécurité des vols, et par conséquent celle des salariés et des passagers. Ouvriers installant délibérément des pièces défectueuses sur les avions en cours de production, défauts dans le suivi des composantes des appareils, dysfonctionnements sur un quart des masques à oxygène… Le tout, expliquait-il, pour éviter les retards sur la chaîne de production et respecter les rythmes imposés par la commande. Des accusations que Boeing avait rejetées publiquement, mais qui avaient été en partie validées par le régulateur américain, la Federal Aviation Administration (FAA) en 2017.

Série de scandales et d’accidents

«Nous sommes attristés par le décès de John Barnett et nos pensées vont à sa famille et à ses amis», a fait savoir le deuxième constructeur d’avions au monde, derrière Airbus. Le drame survient après une série de scandales et d’accidents impliquant la marque centenaire, fondée à Seattle. Début janvier, une porte d’un Boeing 737 MAX 9, de la compagnie Alaska Airlines s’est ainsi détachée quelques minutes après un décollage à l’aéroport international de Portland, dans l’ouest des Etats-Unis, faisant quelques blessés légers.

Les 737 MAX avaient auparavant été cloués au sol pendant près de deux ans après les crashs de deux appareils - le premier, fin 2018, de la compagnie indonésienne Lion Air, le second, début 2019, de la compagnie éthiopienne Ethiopian Airlines. Dans les deux cas, un problème lié à un nouveau logiciel était à l’origine des crashs, qui avaient causé à eux deux la mort de plus de 350 personnes. Dans une autre affaire, des enquêteurs néo-zélandais ont saisi ce mardi la boîte noire d’un Boeing à destination de la Nouvelle-Zélande qui a soudainement perdu de l’altitude, la veille, blessant de nombreux passagers.