Des vêtements, des cadres, des magazines, des chaussures, des journaux, des coupures de presse, des cartes de vœux, des classeurs, des lettres, et même… des décorations de Noël. Ceci n’est pas la description d’un capharnaüm, mais bel et bien du contenu des boîtes d’archives classifiées perquisitionnées par le FBI en août 2022 au domaine Mar-a-Lago, l’extravagante propriété floridienne de Donald Trump. Une affaire qui a valu à l’ancien président des Etats-Unis d’être inculpé en juin 2023 par la justice fédérale américaine, qui l’accuse d’avoir enfreint l’«Espionnage Act». Récemment, des procureurs chargés de cette affaire ont publié de nouvelles photos prises par les agents du service de renseignement, illustrant la «manière désordonnée» avec laquelle l’ex-chef d’Etat stockait les documents en question, relate la chaîne américaine CBS News.
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Certaines montrent des dizaines de caisses empilées dans une salle de stockage, avec un semblant d’organisation. Mais à l’intérieur, c’est une tout autre histoire : selon les procureurs, les boîtes «n’avaient aucune organisation apparente» et contenaient notamment des souvenirs «qui n’ont de valeur que pour Trump». Les photographies du FBI «donnent une idée de la variété des objets» qu’elles contiennent. Plusieurs d’entre elles montrent des boîtes en carton ouvertes remplies de documents, le couvercle posé à côté, avec une feuille plastifiée estampillée «confidentiel», «secret» ou «top secret» placée par le FBI lorsque des documents classifiés y ont été retrouvés. Dans l’une d’entre elles, on aperçoit des vêtements blancs rayés de noir. Dans une autre, c’est un exemplaire du New York Times, avec en une le lanceur d’alerte et informateur du FBI Val Broeksmit – mort en avril 2022 dans des circonstances floues.
Au cours de leur perquisition, plus de 100 documents portant des mentions classifiées avaient été récupérés par le FBI, 21 d’entre eux étant à la base des accusations de rétention délibérée d’informations relatives à la défense nationale dont Donald Trump fait l’objet. Au total, les enquêteurs fédéraux ont recueilli plus de 300 documents gouvernementaux sensibles au cours de leur enquête, dont des rapports de renseignement ayant trait à une puissance nucléaire étrangère, aux programmes de missiles iraniens, ou encore à l’espionnage du rival chinois.
Une perquisition «dans des circonstances difficiles»
Dans sa dernière demande de non-lieu, Donald Trump affirmait que les agents du FBI qui ont effectué la perquisition n’ont pas respecté l’ordre des documents dans lequel ils ont été trouvés, et n’ont pas pris de photos montrant l’ordre des documents dans chaque boîte qui les contenait.
Le 3 mai, Jack Smith, le procureur spécial en charge de l’affaire, a reconnu que les documents n’étaient pas rangés dans le même ordre qu’au moment de la perquisition du FBI dans certaines boîtes, mais que ces modifications ne motivaient en rien le rejet des accusations portées contre l’ex-président républicain. «Donald Trump a personnellement choisi de conserver dans des boîtes en carton des documents contenant certains secrets les mieux gardés de la nation, ainsi qu’une collection d’autres souvenirs de sa présidence, de taille et de forme diverses», ont déclaré les procureurs de l’équipe de Jack Smith. Les agents du FBI qui ont mené la perquisition «l’ont faite de manière professionnelle, minutieuse et prudente dans des circonstances difficiles», ont-ils ajouté.
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Les photos, dont certaines n’ont pas été rendues publiques, ont été jointes en tant que pièce à conviction au dossier déposé le 24 juin par le procureur spécial Jack Smith. Selon la chaîne de télévision américaine CNBC, le procès fédéral qui devait initialement débuter le 20 mai a été reporté le mois dernier à une date indéterminée par le juge fédéral.