«Vous pénétrez dans l’Etat libre de George Floyd», prévient un grand panneau, posé contre des barricades. Erigées au lendemain de la mort de cet Afro-Américain fin mai 2020, asphyxié sous le genou d’un policier blanc, celles-ci sont toujours là. Tantôt taguées de messages d’espoir et de concorde, tantôt de slogans anti-police, elles filtrent la circulation des quatre blocs alentour de ce quartier de Minneapolis. L’intersection de la 38e rue et Chicago Avenue, où a eu lieu son interpellation fatale, a été rebaptisée «George Floyd Square». Son agonie, filmée par une passante, avait enflammé la ville, et l’Amérique. Dix mois plus tard, et après trois semaines de sélection des jurés, le procès de Derek Chauvin, le policier accusé du meurtre de Floyd, débute véritablement ce lundi à Minneapolis.
En ce samedi bruineux, loin de la fournaise humide et des foules bouillonnantes de l’été, quelques visiteurs prennent des photos du mémorial ; des bénévoles boivent un café autour d’un feu de camp ; des enfants s’attardent devant jouets et livres, mis à disposition dans un abri. Il y a même un petit dispensaire, tenu par «Medic Kim», une rousse avenante en blouse d’infirmière. «D’un lieu de deuil, c’est devenu un lieu d’entraide», s’enthousiasme cette vétéran de l’armée. «Un endroit de résistance, mais aussi de mise en pratique de nos idées : ici, on n’a pas besoin de la police pour notre sécurité, ajoute Kandace Montgomery, du mouvement Black Lives Matter, qui habite