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Libération
Symbolique

Affaire Stormy Daniels : Donald Trump reconnu coupable mais échappe à toute peine

Le président élu, reconnu coupable dans l’affaire des paiements occultes destinés à acheter le silence de la star du X Stormy Daniels, a été dispensé de peine ce vendredi 10 janvier. Le jugement fait toutefois de lui le premier président à entrer à la Maison Blanche lesté d’une condamnation.
Le président élu des États-Unis Donald Trump a assisté en visioconférence au prononcé de sa peine, ce vendredi à New York. (Brendan McDermid/Reuters)
publié le 10 janvier 2025 à 8h27
(mis à jour le 10 janvier 2025 à 16h21)

Une première peu glorieuse. Donald Trump est devenu ce vendredi 10 janvier le premier président élu de l’histoire des Etats-Unis à être reconnu coupable, dans l’affaire des paiements occultes à la star de films X Stormy Daniels. «Une honte pour le système», a dénoncé le milliardaire. Cette condamnation, qu’il a tout fait pour éviter avant son entrée à la Maison Blanche, est surtout un moment très symbolique. Car dans le même temps qu’il a condamné Trump, le juge new-yorkais Juan Merchan a prononcé ce vendredi une dispense de peine.

Jusqu’au dernier jour et jusque devant la Cour suprême à Washington, les avocats du 45e et bientôt 47e président américain ont multiplié les recours en brandissant son immunité présidentielle passée et à venir, afin d’empêcher le juge de sanctionner leur client. Le coup de tonnerre a eu lieu jeudi soir : la Cour suprême des Etats-Unis a rejeté par cinq voix contre quatre son ultime recours. Donald Trump avait pourtant mis toutes les chances de son côté : sur les neuf juges qui la composent, six sont conservateurs, dont trois nommés par le milliardaire.

Un repris de justice à la Maison Blanche

Avec ce prononcé de peine, plus de sept mois après avoir été déclaré coupable par un jury de douze citoyens unanimes devant une cour pénale de Manhattan, Donald Trump va entrer le 20 janvier, à 78 ans, à la Maison Blanche avec l’étiquette d’un repris de justice. Mais rien de plus, pour celui qui a déjà échappé à toute conséquence judiciaire dans les trois autres affaires où il avait été inculpé, dont la plus grave devant la justice fédérale pour ses tentatives illégales d’inverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020. Dans ce dossier, le procureur spécial Jack Smith a abandonné les poursuites après l’élection de Donald Trump le 5 novembre, alors que le procès n’avait pas commencé.

Le futur président a comparu par vidéo lors de cette audience à la cour pénale de Manhattan, n’étant pas contraint de venir en personne à cette audience qui était prévue à 9 h 30, heure new-yorkaise (14 h 30 en France). Le magistrat Juan Merchan, que Donald Trump avait accablé d’injures sur les réseaux sociaux, avait déjà prévenu qu’une peine de prison, «impossible à mettre en œuvre», était exclue pour celui qui s’apprête à gouverner la première puissance mondiale.

Un silence acheté avec de l’argent

Au printemps dernier, celui qui était encore candidat à la présidentielle devait se rendre presque chaque jour pendant six semaines dans une salle d’audience au décor vieillot et sommaire de la cour pénale, et assister aux débats dans cette affaire mêlant politique, argent et scandale sexuel. Le jury l’avait reconnu coupable de 34 délits de falsifications comptables pour cacher aux électeurs le paiement de 130 000 dollars à la star de films X Stormy Daniels, à la fin de sa première campagne victorieuse en 2016 contre Hillary Clinton, dont le procès avait révélé les coulisses. L’argent avait été versé pour acheter le silence de l’actrice sur une relation sexuelle qu’elle affirmait avoir eue en 2006 avec l’ancien magnat de l’immobilier, relation qu’il a toujours niée.

Assailli par les recours des avocats et à la suite d’une décision majeure de la Cour suprême le 1er juillet sur l’immunité présidentielle, le juge Merchan a dû repousser à plusieurs reprises le prononcé de la peine, de juillet à septembre, puis à novembre, après la présidentielle. La victoire de Donald Trump a déclenché une nouvelle salve de recours de la défense, mais Juan Merchan a maintenu la sentence.

Comme dans les autres affaires où il était poursuivi, Donald Trump s’est présenté comme la victime d’une «chasse aux sorcières» orchestrée par ses adversaires politiques, un discours qu’il a tenu inlassablement et dont ses partisans étaient convaincus, dans un pays où les sondages montrent que la confiance dans les institutions s’est nettement érodée ces dernières années.

Mis à jour à 16h22 avec le prononcé de la peine.