Des dizaines de millions de personnes trompées et un accord à dix chiffres pour clore le dossier. Amazon s’est entendu ce jeudi 2 septembre avec l’autorité américaine de protection des consommateurs (FTC), dans son procès pour des abonnements abusifs : le groupe de Seattle va devoir verser 2,5 milliards de dollars. 1,5 milliard pour indemniser les abonnés lésés, ainsi qu’un milliard au Trésor américain en guise de pénalité. Le président de l’autorité, Andrew N. Ferguson, s’est félicité d’«une victoire monumentale et sans précédent pour les millions d’Américains lassés par les abonnements trompeurs qui semblent impossibles à résilier».
La FTC avait lancé cette procédure en 2023, en accusant Amazon d’avoir sciemment déployé des interfaces manipulatrices pour que les consommateurs, au moment de payer leur achat, s’abonnent en plus à Prime. Soit treize dollars par an. Ce programme permet d’obtenir plusieurs services supplémentaires, dont des livraisons gratuites et rapides, des réductions dans certains supermarchés ou encore l’accès à la plate-forme vidéo d’Amazon.
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Le groupe faisait face à deux griefs principaux : avoir gagné des abonnés sans leur consentement explicite, en rendant très difficile la possibilité de cliquer sur les bons boutons pour refuser l’abonnement, et avoir créé un système d’annulation délibérément complexe - en interne, on le surnomme même «Iliad», du nom du poème d’Homère sur la guerre de Troie. Amazon se voyait aussi reprocher d’avoir prélevé des frais à ses clients avant de leur communiquer l’intégralité des conditions de l’abonnement.
L’affaire a commencé à être examinée lundi par un jury de la cour fédéral de Seattle, présidé par le juge John Chun - lequel est aussi chargé d’une autre affaire lancée par la FTC contre Amazon et jugée en 2027, cette fois pour monopole illégal. La semaine dernière, ce même juge a conclu que la société avait aussi enfreint une loi sur la protection des acheteurs en ligne : elle a récupéré les données de facturation des abonnés Prime avant de leur expliquer les conditions d’utilisation.
Protocole à respecter pendant 10 ans
Selon l’accord conclu jeudi, Amazon s’est engagé à obtenir un consentement explicite avant tout abonnement et tout prélèvement ainsi qu’à simplifier les démarches d’annulation, selon un protocole qu’il devra respecter pendant dix ans.
Amazon a toujours contesté les accusations, affirmant avoir amélioré ses processus d’inscription et d’annulation. L’accord lui permet d’ailleurs d’esquiver la condamnation, ou la reconnaissance des faits qui lui sont reprochés. D’ailleurs le groupe se défend encore : «Amazon et nos dirigeants ont toujours respecté la loi, et cet accord nous permet d’aller de l’avant et de nous concentrer sur l’innovation au service de nos clients.»
Cette affaire fait partie d’une série de poursuites récentes entamées aux Etats-Unis, aussi bien sous l’administration démocrate que républicaine, pour limiter la domination sans partage de plusieurs grandes entreprises des technologies, telles que Google ou Apple, après des années de mansuétude gouvernementale.