Après le choc, le business. Quelques heures seulement après la tentative d’assassinat qui a visé Donald Trump samedi 13 juillet, la photo du candidat républicain, poing levé et oreille ensanglantée, est partout. Dans les journaux, sur les chaines de télévision, mais aussi sur des vêtements, des tasses ou même des porte-clés. En ligne, les produits dérivés semblent se décliner à l’infini. Et appâtent pléthore d’entreprises, impatientes de capitaliser sur l’évènement.
Sur Taobao, un site de vente chinois, il n’a même pas fallu attendre trois heures pour trouver un premier lot de t-shirts ornés du fameux cliché du photographe Evan Vucci, rapporte le South China Morning Post. «Nous avons mis les t-shirts sur Taobao dès que nous avons appris la nouvelle de la fusillade, même si nous ne les avions pas encore imprimés», raconte auprès du quotidien anglophone Li Jinwei, une vendeuse du site. Avant d’ajouter : «Et en trois heures nous avons reçu plus de 2 000 commandes en provenance de Chine et des Etats-Unis.»
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Aux Etats-Unis aussi, les produits ont rapidement inondé les sites marchands. Et pour attirer les acheteurs, les boutiques n’hésitent pas à multiplier les gestes commerciaux : «éditions limitées», livraisons gratuites, des dizaines de couleurs disponibles… Sur son site, la boutique en ligne américaine Potoshirt propose tous ces services en même temps. Pour 22,95 dollars (environ 21 euros), le client peut alors s’offrir un t-shirt avec l’image de Donald Trump et son filet de sang, floqué d’un large «FIGHT !», en référence aux mots prononcés par l’ancien président quelques secondes après avoir été touché.
Des slogans ouvertement pro-Trump
Mais les entreprises ne sont pas les seules à profiter de l’incident. Sur la plateforme Etsy, qui permet à des particuliers de vendre leurs créations, chacun redouble d’idées. Tableau mural, pull, coque de téléphone, casquette… Chaque objet semble susceptible d’être décoré avec le visage de l’ancien président. Et les slogans ouvertement pro-Trump qui les accompagnent ne sont pas en reste : «Les légendes ne meurent jamais», «Pas aujourd’hui !», «Bien essayé», «Pare-balles»...
Des produits interminables, et qui font le buzz sur les réseaux sociaux. Sur X (ex-Twitter), une photo d’un porte-clés, publiée dimanche, a déjà été visionnée plus de 17 millions de fois ce lundi 15 juillet. On y voit l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe – tué en 2022 –, John Fitzgerald Kennedy et Donald Trump. Trois dirigeants qui ont été touchés par balle… et reliés ensemble par des œillets situés à l’endroit où ils ont été visés. Mais dans les commentaires, peu semblent dérangés par l’accessoire. Au contraire, même. «Je le veux», «Prends tout mon argent et donne-moi ça», s’empressent d’écrire les internautes.
There's a keychain too 💀 https://t.co/mNrinjchVc pic.twitter.com/Ul2KN4CH4G
— Orikron 🇵🇹 (@orikron) July 14, 2024
Des outils de financement de campagne
Des goodies qui attirent, et permettent de capitaliser sur le séisme politique vécu samedi. Mais si certaines entreprises ont pour seul objectif de récolter de l’argent, ce n’est pas le cas de toutes. Sur le site Hodgetwins, tenu par deux jumeaux conservateurs et qui propose des t-shirts à 35 dollars faisant référence à l’attaque, on précise : «100 % des bénéfices tirés de ce t-shirt seront reversés à la campagne de Trump.» Du côté de l’acteur américain Kevin Sorbo, même réflexion : ces produits sont l’occasion rêvée de financer la campagne. Suivi par deux millions de personnes sur X, le comédien s’est donc empressé de vendre à son tour des vêtements sur son site web. Les profits, eux, «seront reversés» pour son candidat, assure-t-il.
Face à l’engouement, plusieurs militants et personnalités du camp républicain n’hésitent pas à largement partager ces points de vente. Car ils le savent : au-delà d’être un outil de financement, l’évènement est aussi un tournant dans la campagne présidentielle. Et ces photos, laissant apparaître un Donald Trump victorieux, pourraient massivement profiter au candidat. Le poing levé devant le drapeau américain, l’image de l’ancien président est glamourisée. Et contraste avec celle de son rival Joe Biden, qui enchaîne les trous de mémoire et les bourdes.
Conscient qu’il peut en tirer profit, le candidat républicain lui-même n’hésite pas à surfer sur la vague. «Je devrais être mort», a réagi dimanche Donald Trump, qui évoque une «photo emblématique». En août 2023 déjà, il avait largement diffusé son fameux «mug short», la photo d’identité judiciaire prise lorsqu’il avait été inculpé pour avoir tenté de renverser l’élection de 2020. Une photo montrant l’ancien président les sourcils froncés et le regard dur, qui aurait dû rappeler qu’il était visé par des dizaines de chefs d’accusation. Mais qui a fini par être fièrement portée par une myriade de ses partisans, tel un symbole de sa résilience. Ses propres équipes de campagne s’étaient alors mises à créer des t-shirts, et des produits dérivés en tous genres. «Pour n’importe quel autre homme politique, un mug short signerait la fin. Pour Donald Trump c’est un tremplin», avait à l’époque analysé la chaine américaine CNN.