Etre le meilleur allié de Donald Trump ne lui suffit plus. Elon Musk souhaite désormais investir dans l’extrême droite britannique. Mercredi 18 décembre, le député anglais Nigel Farage, promoteur emblématique du Brexit et leader du parti europhobe et ultra-conservateur Reform UK, a annoncé être en discussion avec le milliardaire américain pour que ce dernier finance sa formation politique. Les deux hommes se sont rencontrés deux jours plus tôt, dans la résidence de Donald Trump à Mar-a-Lago en Floride. «La question de l’argent a été discutée», a indiqué le Britannique au Daily Telegraph. Il a ajouté que des «négociations» auront lieu à ce sujet, et que le patron de Tesla n’a «laissé aucun doute sur le fait qu’il était derrière [eux]».
La presse britannique s’est fait l’écho d’un possible don de 100 millions de dollars. Nigel Farage a démenti, assurant qu’aucun montant n’avait pour l’instant été évoqué. Elon Musk «veut nous aider, il n’est pas opposé à l’idée de nous donner de l’argent tant que nous pouvons faire cela légalement, par le biais de sociétés britanniques», a témoigné Nigel Farage.
Les partis traditionnels britanniques, travailliste et conservateur, n’ont pas vu ce rapprochement d’un bon œil. Les craintes sont d’autant plus vives que le propriétaire de X, proche de Donald Trump, est amené à occuper des fonctions officielles dans la prochaine administration républicaine. Le vice-président des Tories, Dominic Johnson, a accusé Elon Musk «d’acheter» le parti de Nigel Farage. Sa poussée aux dernières législatives a contribué à la débâcle des conservateurs.
Selon Russell Foster, professeur de sciences politiques au King’s College, le risque pour les conservateurs d’être dépassés par l’extrême droite est bien réel, suivant une tendance déjà ancrée en Europe. «Les gens comme Elon Musk, Donald Trump, Nigel Farage détestent vraiment la droite traditionnelle», qu’ils accusent notamment d’être devenue trop libérale sur les sujets sociétaux. Les partis conservateurs, en difficulté en Europe, «n’ont pas été détruits par la gauche ou le centre, ils l’ont été parce que des mouvements encore plus à droite se sont développés», appuie-t-il.
Sur X, Musk en guerre contre le Labour Party
Mais les Tories ne sont pas la seule cible de Musk, qui ne cesse de s’en prendre depuis X au Labour et au Premier ministre Keir Starmer. Une obsession datant des émeutes anti-migrants et islamophobes qui ont éclaté l’été dernier au Royaume-Uni. Le fondateur de SpaceX a estimé qu’une «guerre civile» était «inévitable» dans ce pays. Un discours très populaire parmi les influenceurs d’extrême droite britanniques, réadmis sur le réseau depuis son rachat par Musk en 2022. Dans la foulée des émeutes, Keir Starmer avait déjà dénoncé des violences «clairement alimentées en ligne».
Le milliardaire accuse également le gouvernement du Royaume-Uni de libérer certains détenus faute de place en prison et de «relâcher des pédophiles pour faire de la place aux personnes condamnées pour leurs messages sur les réseaux sociaux». Sur X, il a soutenu une pétition en faveur de nouvelles élections législatives, accusant les travaillistes de diriger «un Etat policier tyrannique».
Selon Russell Foster, Elon Musk «semble croire qu’il est en mission contre l’establishment», un message porteur «dans un contexte où les Britanniques n’ont plus confiance, ni dans leur gouvernement, ni dans leurs institutions». Selon certains observateurs, Musk aurait mal vécu de ne pas être convié par le Premier ministre britannique à un sommet sur les investissements étrangers en septembre. Une éviction vécue comme un affront qui pourrait accentuer le déversement de sa colère.
Pourtant, les travaillistes du Labour ont fait des efforts ces derniers mois pour nouer des contacts avec les futurs responsables américains. Keir Starmer a notamment rencontré Trump en septembre à New York et une porte-parole de Downing Street a même assuré que le Premier ministre «était impatient de travailler avec le président Trump et toute son équipe, y compris Elon Musk».