«Si vous touchez à Cristina, alors on va foutre le bordel», scandaient les quelque 2 000 personnes venues attendre le jugement sous un soleil de plomb et devant les portes du palais de justice de Comodoro Py, à Buenos Aires, barricadées pour l’occasion. Pas la foule des grands jours, car la vice-présidente avait demandé aux organisations sociales de ne pas mobiliser leurs troupes. Sous son bob à l’effigie de Juan Peron, Zulma Del Valle, femme de ménage de 58 ans, a le visage ruisselant de sueur et de larmes. «C’est une honte, on va défendre Cristina parce que c’est la seule qui défend le peuple. Ce jugement n’est pas que contre elle, il est contre nous tous, il est contre le péronisme et contre soixante ans de justice sociale.»
Elle avait comparé le tribunal à un peloton d’exécution
Cristina Kirchner, elle, a écouté le verdict depuis ses bureaux du Sénat, à quelques kilomètres de là, persuadée à l’avance du résultat. La semaine dernière, elle avait comparé le tribunal à un peloton d’exécution. Quelques minutes après l’annonce du jugement, lors d’une longue allocution, elle a rugi : «La sentence était déjà écrite depuis le premier jour de ce procès, il y a deux ans et demi !» Elle vient d’être condamnée à six ans de prison et à une peine d’interdiction d’exercer la fonction publique à vie pour «administration frauduleuse au détriment de l’administration publique» dans un procès concernant l’attribution de marchés publics dans son fief de Patagonie, la province de Santa