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Ultralibéralisme

Argentine : le Parlement approuve définitivement les réformes dérégulatrices du président Javier Milei

Après des mois de débats, les députés argentins ont donné ce vendredi 28 juin leur feu vert au programme de réformes du chef de l’Etat, Javier Milei, qui prévoit une dérégulation massive de l’économie.
A la chambre des députés argentins, ce vendredi 28 juin, à Buenos Aires. (Emiliano Lasalvia/AFP)
publié le 28 juin 2024 à 8h48

La politique d’extrême droite ultralibérale du président argentin poursuit son chemin. Ce vendredi 28 juin, le Parlement a définitivement approuvé le programme de réformes économiques dérégulatrices du président Javier Milei, après des mois de débats sur un texte profondément remanié.

«Nous allons donner au gouvernement du président Milei les outils nécessaires pour qu’il puisse réformer l’Etat une fois pour toutes», a déclaré le chef du bloc au pouvoir, Gabriel Bornoroni. Politiquement, ce feu vert signifie «un succès total pour le gouvernement», a déclaré le politologue et économiste Pablo Tigani. Mais dans le domaine économique, «ce sera un retour à la politique des années 90 avec la déréglementation, la privatisation et l’ouverture inconditionnelle de l’économie qui portera un coup dur à l’industrie et aux petites et moyennes entreprises nationales», a-t-il estimé. Début février, les Argentins avaient manifesté contre ces réformes ultralibérales du chef d’Etat.

Avant même l’adoption de ce paquet, le président Milei s’était félicité d’avoir réalisé «le plus grand ajustement fiscal non seulement de l’histoire de l’Argentine, mais aussi de l’histoire de l’humanité». Son gouvernement a appliqué d’emblée un drastique programme d’austérité budgétaire tous azimuts, dans un objectif de «déficit budgétaire zéro» à fin 2024, et ainsi de dompter l’inflation chronique (211 % en 2023).

Inflation écrasante sur un an

Mais les coupes budgétaires, dont la paralysie des chantiers publics, couplées à une brutale dévaluation (54 %) du peso en décembre, ont étranglé le pouvoir d’achat. Un impact qui se répercute sur la consommation et l’activité, qui dégringolent. L’inflation en Argentine a ainsi poursuivi en mai la décélération graduelle entamée il y a cinq mois, à 4,2 % sur un mois, la plus basse en deux ans et demi – mais qui reste écrasante sur un an, à 276,4 %.

La récession s’installe, avec une contraction de 5,3 % de l’économie au premier trimestre par rapport à la même période de l’année dernière. Le produit intérieur brut (PIB) de l’Argentine a enregistré une forte contraction de 5,1 % en glissement annuel au cours du premier trimestre, tandis que le chômage frappe désormais 7,7 % de la population, selon les chiffres officiels publiés lundi.

Opposition et mouvements sociaux invoquent un pays en souffrance, avec une pauvreté en hausse accélérée depuis fin 2023, à 55,5 % de la population au premier trimestre 2024 – contre 44,7 % un an plus tôt, selon l’Observatoire de la dette sociale de l’Université catholique.