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Libération
Retoqué

Argentine : une partie des réformes du président ultralibéral Javier Milei suspendue par la justice

La Chambre nationale du Travail, saisie par la plus grande centrale syndicale du pays, a suspendu ce mercredi 3 novembre le chapitre «Travail» des mesures voulues par le nouveau chef de l’Etat argentin, le temps d’un examen législatif sur le fond.
Javier Milei lors d'une session à l'Assemblée, le 29 novembre 2023. (Agustin Marcarian /Reuters)
publié le 3 janvier 2024 à 21h11

Moins d’un mois après sa prise de fonction, un premier revers pour Javier Milei. Le nouveau président argentin ultralibéral a vu ce mercredi 3 novembre le pan droit du travail de ses réformes être retoqué temporairement par la justice. La Chambre nationale du Travail, instance de droit du travail, qui avait été saisie par la CGT, plus grande centrale syndicale du pays, a pris «une mesure conservatoire suspendant l’applicabilité» des dispositions du chapitre «Travail» du décret du 20 décembre. Cette suspension n’intervient que le temps d’un examen législatif sur le fond.

La Chambre nationale du Travail a estimé que la réforme en question n’était pas suffisamment urgente pour justifier de contourner, par décret, les pouvoirs du Congrès. Le gouvernement «va faire appel», assure Rodolfo Barra, le «procureur général» chargé du contrôle de légalité, du conseil et de défense de l’Etat.

Juste avant Noël, Xavier Milei avait signé un «méga-décret» ayant pour but de déstabiliser l’économie, comme il l’avait promis lors de sa campagne. Il visait à modifier ou abroger plus de 300 normes, dont celles sur les loyers, sur les privatisations, et donc sur le droit du travail. Les aspects les plus polémiques des réformes du droit du travail proposées portent, pour les syndicats, sur l’extension de la période d’essai de trois à huit mois, la baisse des indemnisations en cas de licenciement, des limites au droit de grève, la possibilité de licenciement en cas de blocage ou occupation du lieu de travail.

Une véritable «révolution conservatrice et autoritaire, qui passe par une ouverture très violente de l’économie, sur le modèle de Margaret Thatcher au Royaume-Uni ou d’Augusto Pinochet au Chili», décrivait dans nos pages la semaine dernière Célia Himelfarb, économiste spécialiste de l’Argentine et professeure invitée à l’Institut des hautes études pour l’Amérique latine.

Dans un pays où l’inflation sur un an s’établit à 160 % et où le taux de pauvreté atteint presque 45 %, selon les données de l’Observatoire de la dette sociale argentine, le «choc libéral» mis sur pied par l’exécutif menace, selon les détracteurs de Javier Milei, d’entraîner une catastrophe sociale. Dans la rue, la contestation s’organise. Alors qu’entre 25 000 et 30 000 personnes ont défilé à Buenos Aires le 27 décembre, un appel à la grève générale est lancé pour le 24 janvier.