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Analyse

Assassinat de Brian Thompson : une sordide piqûre de rappel de l’injustice du système de santé américain

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L’assassinat du PDG de la première compagnie d’assurance médicale du pays, UnitedHealthcare, a suscité une vague de haine contre l’industrie la plus détestée d’Amérique mais plus largement contre un système jugé profondément injuste, alors que le principal suspect a été érigé en héros.
Collage sur un mur de Seattle célébrant le meurtrier de Brian Thomson, le 11 décembre. (David Ryder/REUTERS)
par Philippe Coste, correspondance à New York
publié le 14 décembre 2024 à 14h20

L’assassin est plutôt mignon. Avant d’abattre avec une arme à feu, en plein New York le 4 décembre au matin, Brian Thompson, le PDG de UnitedHealthcare, première compagnie d’assurance médicale américaine, Luigi Mangione n’avait ôté qu’une fois son masque anti-covid durant ses dix jours de repérage morbide dans une mégapole truffée de 60 000 caméras de surveillance. Sitôt identifié, deux photos de lui, faisant, sous deux angles différents, un sourire juvénile et charmeur à la réceptionniste de son auberge de jeunesse de la 86e rue, figurent sur le portail du NYPD, le service de police de New York, et en bonne place dans la célèbre liste des «Most Wanted» du FBI, relayées par des millions de tweets, de clips sur TikTok, et d’hagiographies sur Instagram se pâmant devant le «justicier» de 26 ans en butte à l’industrie la plus détestée d’Amérique.

L’obsession était telle qu’elle a abouti à une ironie : à Attanooga, le lointain bourg de Pennsylvanie où Luigi Mangione faisait escale dans sa fuite, la caissière du McDonald ne l’a