Cette fois ce sera «encore plus gros et encore plus fort» que lors de son premier mandat, avait promis Donald Trump pendant sa campagne. Le président des Etats-Unis a annoncé ce mercredi 4 juin sa décision de fermer le territoire américain aux ressortissants de douze pays - l’Afghanistan, la Birmanie, le Tchad, la république du Congo, la Guinée équatoriale, l’Erythrée, Haïti, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen. Sept autres Etats (le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan et le Venezuela) sont visés par des restrictions drastiques dans la délivrance des visas. «Nous ne voulons pas d’eux», a balayé le dirigeant d’extrême droite dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Scènes de chaos
L’interdiction, qui doit entrer en vigueur lundi en milieu de journée, est une vieille lubie de Donald Trump. Déjà, en décembre 2015, lors de sa première campagne présidentielle, l’homme d’affaires avait promis «un blocage total et complet de l’entrée des musulmans aux Etats-Unis jusqu’à ce que les représentants de notre pays puissent comprendre ce qui se passe». Elu à la présidence un an plus tard, il avait dégainé immédiatement un décret interdisant l’entrée sur le territoire national aux ressortissants de sept Etats à majorité musulmane (l’Irak, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen), que les médias avaient rapidement baptisé «muslim ban» («interdiction des musulmans»).
La mesure, annoncée dans la confusion, avec effet immédiat, avait généré des scènes de chaos, notamment dans les aéroports, avec des passagers refoulés et d’autres placés en détention à l’atterrissage de l’avion. Saisie en urgence, la justice avait rendu plusieurs décisions défavorables au décret, qui avait été suspendu. Obstinée, l’administration avait alors soumis une deuxième version de son projet, en mars 2017, puis une troisième en septembre 2017. Mieux encadrée juridiquement, cette dernière avait fini par être validée définitivement par la Cour suprême, en juin 2018. Parce qu’il visait aussi la Corée du Nord, les cinq juges conservateurs de l’instance sise à Washington avaient considéré que le texte ne constituait pas une discrimination à l’encontre de la religion musulmane.
Nouvelle liste rouge
A peine arrivé au pouvoir, Joe Biden avait annulé le controversé «travel ban» - une «tache sur notre conscience nationale», aux yeux du démocrate. Donald Trump, donc, a tôt fait de le remettre sur la table. Le Président, qui a érigé en priorité la lutte contre l’immigration et multiplie les mesures destinées à encourager «l’autodéportation» des étrangers présents sur le sol national, a signé le jour de son investiture un décret ordonnant aux services de renseignement et aux départements de la Justice et de la Sécurité intérieure d’identifier «les pays du monde pour lesquels les informations de vérification et de filtrage [des visas] sont si lacunaires qu’elles justifient une suspension partielle ou totale de l’admission de leurs ressortissants».
Ainsi l’administration a-t-elle abouti à sa nouvelle liste rouge, selon divers critères, comme la présence jugée massive de terroristes sur le sol des pays concernés. Parmi les Etats nouvellement ciblés : l’Afghanistan, la Birmanie, ou encore Haïti, en proie à une terrible guerre civile, que l’administration attaque en alléguant du nombre élevé de ressortissants haïtiens arrivés aux Etats-Unis de manière clandestine. «Nous ne pouvons pas avoir une immigration ouverte en provenance de pays que nous ne pouvons pas contrôler et filtrer de manière sûre et fiable», a justifié le président américain.