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Attaque

Attentat devant l’hôtel Trump à Las Vegas : militaire, trumpiste... ce que l’on sait de Matthew Livelsberger

Le militaire de 37 ans a été identifié comme le conducteur de la voiture ayant explosé mercredi 1er janvier devant l’hôtel Trump de Las Vegas. Les motivations de ce multimédaillé, soutien de Donald Trump, demeurent peu claires aux yeux des enquêteurs.
La conférence de presse de la police de Las Vegas, le 2 janvier, au lendemain de l'explosion de la Tesla louée par Matthew Livelsberger. (Ethan Miller/Getty Images. AFP)
publié le 3 janvier 2025 à 13h03

Le corps calciné de Matthew Livelsberger, «méconnaissable» selon les autorités américaines, a été retrouvé dans sa voiture. Son Cybertruck Tesla de location a été détruit dans l’explosion d’une bombe artisanale placée à l’intérieur mercredi 1er janvier, devant l’hôtel Trump de Las Vegas (Etats-Unis). L’homme, conducteur et suspect de l’attaque, a été identifié par la police de la ville grâce à plusieurs indices retrouvés dans le véhicule. Les autorités ont mis la main sur une carte d’identité militaire, son passeport, son téléphone, sa montre connectée, des bidons d’essence et de nombreux feux d’artifice. Deux armes de poing semi-automatiques achetées légalement le 30 décembre ont également été récupérées à ses pieds. Les résultats des analyses ADN sont toujours attendus pour pouvoir confirmer «à 100 %» le profil de l’individu. Au lendemain de l’explosion, le shérif de Las Vegas, Kevin McMahill a révélé lors d’une conférence de presse avoir «découvert, grâce au bureau du médecin légiste, que l’individu avait été blessé par balle à la tête». Un coup que l’assaillant se serait infligé seul. Le coroner de la ville qualifie l’attaque de «suicide, avec un attentat à la bombe qui a eu lieu immédiatement après».

Un militaire multi-médaillé

Matthew Livelsberger était un militaire âgé de 37 ans. Originaire de Colorado Springs dans l’Etat du même nom, il était affecté en Allemagne, où il opérait en tant que sergent au sein de la base américaine de Stuttgart. Il s’est engagé dans l’armée en 2006 et a servi jusqu’en 2011 avant de rejoindre la Garde nationale puis l’armée de réserve. Il a finalement intégré les forces spéciales américaines en 2012, et était connu des Bérets verts sous le surnom de «Berg». Le trentenaire a été déployé à six reprises sur le terrain, dont trois en Afghanistan et une au Tadjikistan, où il avait pour mission de sécuriser l’ambassade américaine. Il y a reçu de nombreuses décorations militaires, dont une Bronze Star marquée d’un V, pour signifier son héroïsme au combat.

Une bombe à la puissance relative

Les premières analyses de la bombe, dont la déflagration a blessé sept personnes sans endommager une seule vitre de l’hôtel Trump, interrogent les enquêteurs. «Le niveau de sophistication n’est pas celui que l’on attendrait d’un individu avec ce type d’expérience militaire», déclare dans les colonnes du New York Times l’agent Kenneth R. Cooper, responsable de la division de terrain de San Francisco spécialisée dans les armes à feu et les explosifs. Le quotidien rapporte également les propos d’un Béret vert ayant connu Matthew Livelsberger. Il raconte que les militaires de haut rang de son acabit ont souvent une compréhension approfondie des explosifs et du fonctionnement des bombes. Ce collègue relate alors que beaucoup «se demandent s’il avait vraiment l’intention de causer des dégâts», laissant supposer que si c’était le cas, il aurait fabriqué une bombe plus puissante.

Plusieurs jours de voyage avant son passage à l’acte

Dans un communiqué, un porte-parole du Pentagone déclare que l’homme, en visite aux Etats-Unis, était en «permission approuvée au moment de sa mort». Selon ABC news, son épouse, avec qui il venait d’avoir un bébé, a affirmé aux enquêteurs que le couple s’était disputé aux alentours de Noël sur des questions d’infidélité. Le trentenaire aurait alors quitté leur résidence de Colorado Springs puis loué le Cybertruck Tesla le 28 décembre à Denver. Selon les données GPS du véhicule, le militaire a traversé une partie du pays pendant quelques jours, du Colorado au Nevada en passant par le Nouveau-Mexique et l’Arizona. «J’ai loué un Cybertruck Tesla. C’est de la merde», écrit-il quelques jours avant l’explosion par SMS à son ex-petite amie, Alicia Arritt, selon des informations du Denver Gazette. Sept minutes après ce premier message, il se compare à un super-héros puis à un personnage de jeu vidéo : «Je me sens comme Batman ou Halo.»

Un trumpiste aux motivations encore floues

«Les motivations du suspect demeurent inconnues à ce stade, rapporte l’agent spécial du FBI Spencer Evans. Nous ne disposons pas d’informations qui permettent d’affirmer avec certitude ou de suggérer que c’était motivé par une idéologie particulière.» Un proche de Matthew Livelsberger confiait à ABC news que le suspect a soutenu Donald Trump durant son premier mandat, et se souvient l’avoir entendu dire que «Trump était le meilleur ami d’un soldat.» Auprès de The Independent, son oncle Dean Livelsberger confirme : «Il aimait Trump, c’était un soldat très, très patriote, un Américain très patriote. C’est une des raisons qui l’ont poussé à rejoindre les forces spéciales.» Il est pour l’instant impossible d’établir une quelconque connexion entre le suspect de l’explosion de Las Vegas et une «organisation terroriste dans le monde», ou même de faire un lien avec l’attentat de la Nouvelle-Orléans, perpétré le même jour par un ancien militaire américain dénommé Shamsud-Din Jabbar.