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Libération
Reportage

Au bord des flammes dans l’Oregon : «Pour attaquer ce feu, il faut tout repenser»

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Dans l’ouest américain en proie à la sécheresse, le Bootleg Fire fait rage depuis trois semaines. Volatil et très violent, au point de générer son propre climat, il oblige les pompiers à adapter leurs méthodes.
Près de Silver Creek, dans l'Oregon, la forêt a été ravagée par les flammes, le 23 juillet. (Mathieu Lewis-Rolland/AFP)
par Laure Andrillon, envoyée spéciale à Bly et Silver Lake (Oregon)
publié le 26 juillet 2021 à 12h05

Autour du village de Bly, dans le sud de l’Oregon, les montagnes ont disparu du paysage, enveloppées dans une épaisse fumée. Depuis la prairie d’altitude, on devine à peine la silhouette des pins ponderosa et pins tordus qui peuplent la forêt nationale de Fremont-Winema. Le soleil orangé donne au pâturage encore intact une teinte roussie, comme si l’herbe y avait déjà brûlé. Le bétail s’est agglutiné près du ruisseau qui coule à faible débit en cet été de sécheresse historique.

«Il va falloir s’habituer à la fumée, lance Janne Tolentino, installée sous l’auvent d’une terrasse, au côté de son chien haletant. Il paraît que même une fois contenu, l’incendie pourrait brûler jusqu’en novembre.» Elle a choisi de ne pas évacuer, rassurée par le brouhaha du camp de base qui rassemble plus de 1 700 pompiers, en bordure de ce tranquille village de 486 habitants.

Forêt fédérale dévastée

Déclenché le 6 juillet par un éclair, le Bootleg Fire a consommé depuis plus de 1 600 kilomètres carrés de terres, devenant le troisième incendie le plus étendu de l’histoire récente de l’Oregon et le plus important des 85 feux qui ravagent actuellement les Etats-Unis, en particulier dans l’Ouest. Contenu ce lundi à 46 %, le feu a détruit 67 maisons, causé l’évacuation de près de 2 5