«Les gars, vous voyez bien qu’ils ne veulent pas de nous ici, alors, ne leur donnons pas une bonne raison de nous chasser !» Cecilia Gladchi s’adresse à la file de personnes faméliques qui, en ce début octobre, attendent la distribution gratuite du repas de midi dans le centre-ville de São Paulo. La charrette de la cuisine solidaire du Mouvement des travailleurs sans logis (MTST), chargée de boîtes-repas, venait à peine de s’arrêter en lisière de Praça da Sé, la place centrale de la mégapole brésilienne, que des agents municipaux rappelaient aux volontaires l’interdiction de faire des distributions à l’intérieur de la zone touristique. «Nous resterons en retrait pour nourrir ceux qui en ont besoin», avait tenté Cecilia Gladchi, soutenant que distribuer les repas dans sa cuisine toute proche risquait de gêner l’accès aux commerces voisins. Mais sitôt les agents partis, une dispute a éclaté dans la file entre SDF. «Ils sont agités. Les policiers confisquent leurs effets personnels pour les faire partir», explique la travailleuse sociale, avant de se désoler : «On ne sait pas trop ce qu’ils prennent», alcool ou stupéfiants.
Les boîtes-repas ont disparu en un clin d’œil. «Ici, dans le “centro historico”, personne n’a faim, claironne le vieux Francisco, assis sous un arbre. Des associations servent le petit déjeuner, d’autres le déjeuner et d’autres encore, le dîner.» Il dit passer ses journées sur place pour se nourrir gratu