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Libération
Le tabou LGBT en Amérique latine

Au Brésil, dans le foot comme en politique, le numéro 24 reste tabou

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Dans le pays, où «la violence contre les LGBT reste une norme», ce numéro est associé à une insulte homophobe et est toujours synonyme de rejet.
Le joueur de football de Flamengo Gabriel Barbosa, au stade Maracana de Rio, le 22 février 2020. (Dhavid Normando/AFP)
publié le 3 avril 2021 à 12h00

C’est aujourd’hui avant tout une mauvaise plaisanterie faite par les enfants à l’école, un tabou assimilé dès le plus jeune âge : le numéro 24 désigne, péjorativement, les homosexuels brésiliens. Nombreux sont ceux qui n’ont pas la moindre idée de l’origine de cette association. Mais qu’importe. Dans les cours de récréation comme sur les bancs des salles de cours, on fuit le numéro 24 comme la peste. Et gare au garçon qui se voit assigner le chiffre maudit lors d’un jeu ou exercice scolaire, assailli des moqueries de ses camarades qui le traitent de veado.

«Veado ? [prononcez «viado», en insistant sur le «i», ndlr] Peu importe où je sors, je l’entends à chaque coin de rue. Le plus souvent ce sont des amis qui l’utilisent entre eux, sur le ton de la moquerie, pour se provoquer et s’humilier», raconte Luiz Mott, anthropologue et fondateur du Grupo Gay da Bahia, plus vieille association brésilienne à militer pour les droits LGBT + au Brésil. Sur le papier, le mot n’a pourtant rien de bien offensant, simple traduction de «cerf» en portugais. Mais depuis de nombreuses années, il sert aussi d’insulte homophobe. L’équivalent de «pédé» en français.

Quel rapport entre les cerfs et les homosexuels ? Les chercheurs et linguistes divergent, les hypothèses sont nombreuses, et il n’existe pas de réponse tranchée. Certains l’imputent au personnage de Bambi repris par Walt Disney dans les années 40, d’autres à un cerf efféminé utilisé comme logo d’une marque de cig