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Libération
Catastrophe

Au Brésil, la déforestation a (encore) augmenté de 150 % pour le dernier mois de mandat de Jair Bolsonaro

218,4 km² de forêts ont été rasés en décembre 2022 dans la partie brésilienne, contre 87,2 km² en décembre 2021.
La déforestation s'est envolée durant le mandat de Jair Bolsonaro, comme ici à Humait, le long de la route transamazonienne. (MICHAEL DANTAS/AFP)
publié le 7 janvier 2023 à 10h30

Jusqu’au bout, Jair Bolsonaro aura été une tare pour l’environnement. Pour son dernier mois à la tête du Brésil, où, tout mauvais perdant qu’il est, il a passé plus de temps à bouder qu’à honorer son mandat jusqu’au bout, la déforestation de l’Amazonie brésilienne a bondi de 150 % par rapport à décembre 2021. Un symbole de plus de l’impunité ressentie par l’agronégoce sous sa présidence et de la prise de conscience qu’une fois le président d’extrême droite parti, il sera beaucoup plus difficile de raser la forêt sans subir de représailles.

Des images satellites révèlent que 218,4 km² de forêts ont été rasés en décembre 2022 dans la partie brésilienne (60 %) de la plus grande forêt tropicale au monde, selon le programme de surveillance Deter. La surface déboisée marque une hausse de plus de 150 % par rapport aux 87,2 km² détruits en décembre 2021, selon l’agence gouvernementale Inpe. Il s’agit du 3e pire mois de décembre depuis le lancement du programme Deter, après ceux de 2017 et 2015.

Bolsonaro «va laisser des traces pour longtemps»

Jair Bolsonaro, auquel a succédé dimanche dernier le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, a déclenché une avalanche de critiques internationales pour ses destructions de la forêt amazonienne, essentielle à la lutte contre le réchauffement climatique, lors de ses quatre années de mandat. Sous le gouvernement du président d’extrême droite allié du puissant lobby de l’agronégoce, la déforestation annuelle moyenne en Amazonie brésilienne a bondi de 75,5 % par rapport à la décennie précédente. Selon des dirigeants amazoniens, un quart de leur forêt serait par ailleurs «irréversiblement détruite».

«Le mandat de Bolsonaro est peut-être terminé, mais son héritage tragique va laisser des traces pour longtemps», a déclaré dans un communiqué Marcio Astrini, secrétaire exécutif de l’Observatoire du climat, une coalition d’associations de défense de l’environnement. Sur l’ensemble de l’année, la déforestation en 2022 a atteint ou approché ses niveaux records entre août et octobre, période propice de la saison sèche.

Ces destructions de la forêt sont essentiellement le fait d’exploitants agricoles, qui veulent accroître leurs terres pour les cultures et l’élevage, activités dont Jair Bolsonaro a toujours encouragé le développement. Lula a promis de relancer les programmes de protection et de suivi de l’environnement en bonne partie démantelés sous son prédécesseur. La communauté internationale attend des gestes forts du nouveau président qui a nommé l’icône de l’écologie Marina Silva ministre de l’Environnement.