C’était un «tudo bem ?», un «ça va ?» anodin, mais qui a révélé les tensions dans les entrailles du pouvoir au Brésil. Le 18 mars, quelques jours avant le soixantième anniversaire du coup d’Etat militaire du 31 mars 1964, qui instaura la première dictature d’Amérique du Sud, Lula da Silva réunit le Conseil des ministres au palais présidentiel du Planalto. Le ministre de la Défense, José Múcio, et son homologue des Droits de l’homme, Silvio Almeida, en désaccord sur le traitement à donner à ce sinistre anniversaire, se croisent dans les couloirs. Et au «ça va ?» du premier, le second répond sèchement : «Tout dépend pour qui !»
Quelques jours plus tôt, en effet, Lula avait tranché, ordonnant à son cabinet de traiter l’éphéméride du jour comme un non-événement. Silvio Almeida fut donc prié d’annuler la cérémonie d’hommage aux victimes des années de plomb, programmé pour ce lundi 1er avril. «Je ne compte pas ressasser le passé», avait justifié le Président, se rangeant sur l’avis de José Múcio, qui lui conseillait de ne pas enfoncer le clou, alors que l’armée brésilienne traverse une crise d’image sans précédent depuis le retour à la démocratie, en 1985.
Logique d’accommodation
Voilà plusieurs semaines, en effet, que le siège de la police fédérale, le FB