Le plan de Pierre Poilievre était parfait. Presque trop. D’abord, à la sortie de la pandémie de Covid, se faire apprécier de la base conservatrice radicale, et notamment des camionneurs du «Convoi de la liberté» insurgés contre les restrictions sanitaires. Puis, à l’automne 2022, prendre la tête du Parti conservateur et marteler ensuite un message sur le coût de la vie et du logement, quand l’inflation s’envolait, tout en pilonnant Justin Trudeau dont la popularité de Premier ministre s’érodait à l’approche d’une décennie au pouvoir.
La stratégie semblait payante. En 2024, les sondages créditaient régulièrement Pierre Poilievre d’une avance de plus de 20 points, parfois même 25, sur le Parti libéral du Premier ministre Trudeau, tandis que les conservateurs raflaient des élections partielles dans des circonscriptions jugées jusqu’ici ingagnables pour eux. Même l’élection de Donald Trump en novembre pouvait encore passer pour l’amorce d’un vent de conservatisme en Amérique du Nord, qui serait favorable à la formation de droite.