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Amérique du Sud

Au Chili, des contraceptifs défectueux relancent le débat sur l’IVG

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Plus de 140 femmes estiment être tombées enceintes à cause d’erreurs dans la fabrication et le conditionnement de leurs pilules contraceptives. La loi du pays, que féministes et associations veulent changer, ne leur permet pas d’avorter.
Cynthia Gonzalez, 38 ans, et son fils à La Pintana le 26 février. (Diego Urbina/Libération)
publié le 7 mars 2021 à 18h59

Katherine Martinez a entamé sa toute première plaquette de pilules le jour de ses 19 ans, le 10 juillet 2020. Elle commençait alors à sortir avec son petit ami, et travaillait dans une usine d’emballages plastiques, pour économiser avant d’entrer à l’université, très chère au Chili. Elle n’a jamais pu finir la troisième plaquette, aux comprimés jaunes et bleus, de la marque Anulette CD : mi-septembre, elle s’est rendu compte qu’elle était enceinte de quatre semaines.

A la même période, elle a appris en regardant les infos que plusieurs lots défectueux de pilules de la même marque étaient en train d’être retirés de la circulation. «Je me suis dit qu’il était peu probable que ce soit le même lot que ma pilule», se souvient-elle, assise dans le salon aux murs défraîchis de l’appartement de sa grand-mère, chez qui elle vit, dans un quartier populaire de la banlieue sud de Santiago. «Puis j’ai vérifié. Et c’était bien le même», poursuit-elle en allant chercher dans sa chambre les plaquettes, qu’elle a gardées.

Placebo et défauts

Comme elle, plus de 140 femmes sont tombées enceintes contre leur gré ces derniers mois au Chili et attribuent ces grossesses non désirées aux pilules qu’elles prenaient. Car entre fin août et début octobre, des lots de plusieurs marques de contraceptifs ont dû être retirés de la circulation à cause de défauts de fabrication ou de conditionnement. 276 800 plaquettes d’Anulette CD et 4 700 de Minigest-15 et Minigest-20 ont ainsi été rappelées. Les trois pilules s