Les micros, ces minibus d’un autre âge, s’ébrouent au son du reggaeton qui s’échappe des fenêtres des grandes artères de Concepción. Lentement et tout en syncopes. Dans cette métropole de la région du Bíobío au centre du Chili, à 500 kilomètres au sud de Santiago, l’heure est aux préparatifs de Noël et des vacances d’été plutôt qu’au deuxième référendum en quinze mois, dimanche 17 décembre, qui vise à réécrire le Texte fondateur (Magna Carta), légué par la dictature de Pinochet. Alors que le vote du 4 septembre 2022 et le projet d’une Constitution résolument progressiste avait attisé les fractures endémiques de la nation andine, le scrutin de cette fin de semaine semble ne susciter qu’indifférence.
«Penser que la vie des citoyens va changer à partir d’une nouvelle Constitution, c’est une vue de bureaucrates», estime Julia, 23 ans, étudiante à l’université catholique de la ville. Celle qui se destine à être historienne raconte la fatigue des Chiliens qui sont allés aux urnes «je ne sais combien de fois» – précisément dix en trois ans. Ce dimanche, elle y retournera une onzième fois, parce que le vote est obligatoire et qu’elle ne veut pas risquer l’amende. «Je vais m’exprimer pour le “non” à cette nouvelle Constitution, assure-t-elle, parce que