Devant le lycée pour filles numéro 7 de Providencia, à trois stations de métro du centre historique de Santiago, une vingtaine d’élèves en uniforme bleu sombre dansent et rient à la sortie des cours. Gabriela Astudillo, foulard vert pro-droit à l’avortement accroché à son sac à dos, vient de finir sa journée. Il y a deux ans à peine, elle et des centaines d’élèves de lycées de la capitale ont envahi les stations de métro pour protester contre une hausse de 30 pesos (4 centimes d’euros à l’époque) du prix des transports publics. «Frauder, ne pas payer, une autre manière de lutter», criaient les jeunes manifestants, avant de laisser passer gratuitement les passagers. Leur colère ne provenait pas uniquement de cette maigre augmentation : «Ce ne sont pas 30 pesos, ce sont trente ans», disait un autre slogan. Trente ans d’inégalités persistantes, malgré la fin de la dictature du général Pinochet (1973-1990).
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Au fil des mois, la mobilisation s’est tarie, avant d’être largement éclipsée par la pandémie. La plupart des manifestants de ce mouvement sans leader identifié, né hors des partis politiques et des syndicats, sont fatigués. Mais les revendications qu’ils ont portées sont toujours d’actualité : de meilleurs services publics, un accès plus égalitaire aux droits sociaux comme la santé