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Au Chili, l’obligation de vote à la présidentielle favorise populisme et extrême droite

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La participation à l’élection présidentielle, dont le premier tour se tient le 16 novembre, sera obligatoire sous peine d’amende, pour la première fois depuis 2009. La mesure décidée par l’ensemble du spectre politique en réaction au mouvement social massif de 2019 semble faire les affaires de l’extrême droite populiste.

Le candidat du Parti républicain à la présidentielle chilienne, José Antonio Kast, à Santiago, le 10 septembre. (Esteban Felix/AP)
Par
Hippolyte Radisson, correspondance à Santiago (Chili)
Publié le 11/10/2025 à 18h14

«Dans l’idéal, on irait tous voter de bon cœur. Mais la confiance a disparu. A droite, à gauche, ils sont tous compromis…» Le regard d’Isabel s’échappe vers la cordillère des Andes, tandis que son chien en manteau fuchsia s’impatiente au bout de la laisse. La sexagénaire aux cheveux teintés de rouge habite à Matta Sur, quartier populaire de Santiago. Elle travaille comme femme de ménage depuis dix-neuf ans, mais son lundi matin est désormais bien vide depuis que l’entreprise qui l’emploie périclite. «Je n’ai plus que deux jours de travail par semaine, je cherche d’autres opportunités.»

Le 16 novembre, Isabel va voter par obligation au premier tour de l’élection présidentielle. Son premier bulletin depuis longtemps. Son choix va se porter sur le candidat populiste néolibéral Franco Parisi (Parti du peuple). L’économiste avait donné son soutien à l’extrême droite au second tour en 2021. «Sans amende, je n’irais pas. Aucun candidat ne me plaît, ce sont tous des escrocs. Lui est le seul à parler aux gens modestes.» Ceux qui ne se rendraient pas aux urnes risquent une sanction de 30 à 90 euros. A l’épicerie, Isabel vient de poser sur le comptoir le pain qu’elle pensait acheter, pour ne repartir finalement qu’avec trois œufs.

«Il est impossible pour nous de soutenir le communisme»

Sur le total de 15,6 millions d’inscrits, les électeurs réfractaires au vote en représentent près de cinq millions. Pour tenter de relancer une participation en berne, l’obligation abandonnée en 2012 a été réintroduite dix ans plus tard sou