Menu
Libération
Reportage

Au Guatemala, l’affaire Lev Tahor met en lumière les failles juridiques face aux dérives sectaires

Article réservé aux abonnés
Fin décembre, une centaine d’enfants ont été extraits de la communauté juive ultraorthodoxe, soupçonnée de violations des droits humains. L’affaire, qui occupe tout l’espace médiatique du pays depuis plusieurs semaines, pose plus largement la question du terrain fertile que représente l’Amérique centrale pour ces mouvements.
Yoel Alter, membre de la secte juive ultra-orthodoxe Lev Tahor, arrêté par la police guatémaltèque à Guatemala, le 24 janvier 2025. (Johan Ordonez /AFP)
par Diego Calmard, correspondant à Mexico et Victor Matías
publié le 13 février 2025 à 15h36

Des enfants vêtus de longs habits noirs traînés par des policiers, une cohorte d’hommes arborant des papillotes qui s’emportent et des femmes en pleurs. Le 20 décembre à l’aube, le ministère public du Guatemala a procédé à l’une des perquisitions les plus importantes de son histoire en soustrayant près de 200 personnes, dont une grande majorité d’enfants, d’une communauté religieuse se revendiquant du judaïsme et soupçonnée depuis plusieurs mois de maltraitance infantile. Depuis, l’affaire occupe tout l’espace médiatique de ce pays d’Amérique centrale, ouvrant le débat sur la présence de sectes religieuses dans cette région du monde où le flou juridique leur permet de prospérer.

Difficile de déterminer le nombre exact de mineurs extraits de la communauté Lev Tahor («cœur pur», en hébreu), mais ils auraient été au moins 160. «On ne sait pas exactement combien d’enfants ni leur âge car ils se couvrent les uns les autres. Ils ne déclinent pas leur identité», détaille Marvin Rabanales, secrétaire d’Etat au Bien-être social. «Il y a des enfants, des adolescents, des mères de 14 ans, des nouveau-nés, des femmes enceintesCertaines sont entièrement voilées et on ne peut exiger de montrer leur visage», ajoute Lucrecia Prera, c