Menu
Libération
Reportage

Une centaine d’attaques et près de 60 assassinats: au Mexique, le crime organisé ensanglante la campagne électorale

Article réservé aux abonnés
La campagne des élections fédérales du 2 juin est déjà la plus violente jamais enregistrée dans le pays. Des candidats à à des postes de maires ou députés locaux ont été tués, tous partis confondus. Des attentats symboles de la présence du crime organisé au sein de la vie politique.
Sur les lieux de l'assassinat de Gisela Gaytán, alors candidate à la mairie de Celaya, le 1er avril 2024. (Oscar ortega /AFP)
par David Siqueiros, envoyé spécial à Celaya (Mexique)
publié le 13 mai 2024 à 13h44

Elles ont délaissé leurs gilets de militants bordeaux durant près d’un mois. Pas le moral, pas le courage de repartir sur le terrain. Puis Selene Hernandez et Laura Benitez, deux aspirantes à un poste d’élues locales, ont décidé de les ressortir. «Au début, ce n’était pas évident de les renfiler», avoue Selene. Sur la poitrine, brodé de blanc, le nom de Gisela Gaytán. Après l’assassinat de cette candidate à la mairie de Celaya le 1er avril, il a fallu faire profil bas. Puis elles se sont retrouvées entre collègues, entre amies. «C’est vrai qu’on a peur, mais la campagne doit reprendre», poursuit Laura.

Miguel Villanueva les a invitées sur la terrasse ombragée de sa maison, à l’abri des regards. Il sort une bouteille de Coca-Cola salvatrice dans la chaleur torride des hauts plateaux du centre du Mexique – 35 °C à l’ombre. Les trois militants, âgés de 26 à 39 ans, postulent à nouveau comme élus municipaux dans cette ville de 520 000 habitants, mais sur la liste d’un nouveau candidat, Juan Miguel Ramirez. «On le fait pour nos valeurs, et on le fait aussi surtout pour “Gis”», souffle Laura, meilleure amie de celle qui partait favorite pour diriger l’une des villes les plus dangereuses du pays.

Un mois plus tôt, Gisela Gaytán commençait à peine sa campagne sous les couleurs de Morena (gauche,