Soledad Secca Noa slalome entre les poules et les ânes sur le chemin boueux de son village d’Occopata, à trente minutes de route de Cusco, dans les Andes péruviennes. L’étudiante en anthropologie parcourt souvent des kilomètres à bicyclette, à près de 4 000 mètres d’altitude, pour trouver quelques barres de réseaux entre les collines. C’est le prix à payer pour alimenter son compte TikTok et ses 358 000 abonnés avides de découvrir la vie quotidienne d’une communauté autochtone quechua.
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Dans ses vidéos, «Solisha», 24 ans, filme la récolte de pommes de terre ou sa grand-mère en train de tisser. Elle y raconte tout en quechua, sa langue maternelle, parfois traduite en espagnol. «Je ne sais pas comment je me suis retrouvée avec autant de followers», s’étonne-t-elle encore. En 2019, elle lance une page Facebook pour y partager des photos légendées en quechua, une manière d’améliorer sa maîtrise de l’écrit. Succès immédiat : 5 000 abonnés en quelques semaines. Trois ans plus tard, ses vidéos TikTok et YouTube accumulent des dizaines de milliers de vues.
Ne plus avoir honte
Langue millénaire, héritée de l’empire inca, le quechua regroupe plusieurs variantes dialectales. Entre 8 et 10 millions de personnes le parlent, principalement en Colombie, Equateur, Bolivie, Argentine, et ils sont près de 4 millions au Pérou. C’est la deuxième langue du pays. Mais sa pratique s’est e