Dans le centre-ville de Lima, des centaines de policiers se sont alignés devant les lieux de pouvoir, accompagnés de l’armée. Pour la première fois, depuis une semaine, le dispositif de sécurité est renforcé. Mercredi, l’état d’urgence a été déclaré pour tout le pays et une durée de trente jours. Les soldats, en treillis, armes à feu en bandoulière, patrouillent désormais dans la capitale. Leur présence scandalise Milagros Guarta Sanchez, une professeure de la banlieue de Lima. «Il y a l’armée, il y a des véhicules blindés. Il y a la police nationale. Il ne manque plus que l’armée de l’air, ironise-t-elle. Nous sommes venus comme nous sommes. Eux, ils ont des armes, des boucliers et des gaz lacrymogènes. Nous ne sommes pas des terroristes. Le peuple ne peut pas permettre ça.» Derrière elle, un petit groupe acquiesce et clame : «Lima, écoute ! Le peuple te parle ! Nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes le peuple !»
Autour de la place San-Martín, épicentre des contestations liméniennes, de nouveaux manifestants sont venus grossir les rangs, rassemblant désormais 2 000 à 3 000 personnes. Des habitants de la selva ont fait la route depuis l’Amazonie. A côté d’eux, dans le cortège, s’affichent des membres de groupes dits d’«autodéfense» du centre du pays, vêtus du trip