C’est une église toute rose. Elle porte le «doux nom de Jésus». Les portes sont grandes ouvertes. Cela fait bien dix minutes que la messe a commencé, mais elles ne se fermeront pas. Pour que circulent l’air et «les gens humbles», comme on dit à Petare. Ce vendredi 2 août au matin, ils ne sont pas nombreux. «Personne n’ose sortir de chez soi», souffle Joel Rivero, un quinquagénaire qui officie parfois en tant que diacre. «Je sais que les temps sont durs, prêche le prêtre, sous l’immense charpente vernie et entre de grands piliers blancs. Mais n’oubliez pas le seigneur. N’oubliez pas qu’il a promis la lumière.» Celle du bout du tunnel dans lequel le Venezuela s’enterre depuis trop longtemps. Les dévots du premier rang opinent d’un amen. Les moins croyants se prélassent sur la place, et n’y croient plus vraiment.
Depuis mardi 30 juillet, la vie est triste dans le plus grand quartier populaire d’Amérique latine, à l’est de Caracas. «On est tombé de haut, rembobine Joel Rivero, qui parle en mâchant ses mots. Pour la première fois en vingt-cinq ans, un candidat de l’opposition est arrivé en tête d’une élection dans tous les bureaux de vote de Petare.» Et puis tout un quartier – de plus de 600 000 âmes – s’est réveillé lundi matin avec la douloureuse impression de s’être fait voler l’élection. D’abord sidéré par