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Libération
Reportage

Au Venezuela, une répression maximale d’une efficacité redoutable : «La police a tourné toute la nuit»

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Le président Maduro a répondu par la force à la contestation contre sa réélection et plongé le pays dans une léthargie paranoïaque. Au point que l’Organisation des Etats américains demande à la Cour pénale internationale de l’inculper et d’émettre un mandat d’arrêt à son encontre.
Des membres de la garde nationale bolivarienne arrêtent des opposants au président vénézuélien, Nicolás Maduro, qui participent à une manifestation à Caracas, le 30 juillet. (Yuri Cortez/AFP)
publié le 1er août 2024 à 8h01

Dorian Rair Rondon avait 22 ans. Un gars costaud aux yeux en amande avec un petit bouc naissant. Mardi, alors que l’opposition avait lancé un appel à se rassembler dans tout le pays pour contester la réélection jugée frauduleuse de Nicolás Maduro, il a voulu se rendre à moto à la mobilisation organisée dans son quartier, populaire, dans le sud de Caracas. Il portait un jean et un pull de couleur vive. Mais comme d’autres, mardi 30 juillet, Dorian s’est fait rattraper par la répression. Selon ses proches, qui préfèrent rester anonymes, des colectivos – milices civiles armées fidèles au gouvernement chaviste – ont attaqué les manifestants. Ils ont rattrapé Dorian qui tentait de fuir, et sa famille ne l’a plus revu. Jusqu’au soir. Grâce à son pull visible au travers des buissons. Son cadavre était abandonné au bord de la route, à quelques kilomètres de chez lui. Le visage bouffi et violacé, traversé d’un léger filet de sang. Il portait encore son casque, bien attaché. Blessé par balle au niveau du cou, il est mort par strangulation.

La famille de Dorian préfère rester discrète. En p