Devenir Américain comme on gagnerait les poteaux à Koh Lanta. C’est le scénario improbable, mais bien réel, que le ministère de la Sécurité intérieure (DHS) envisage avec la participation à une émission de téléréalité dans laquelle des immigrés concourraient pour obtenir la citoyenneté américaine.

A l’origine de cet ubuesque projet, Rob Worsoff, un producteur lui-même immigré du Canada, comme le rapportait vendredi 16 mai le Wall Street Journal. Le principe ? Mettre en concurrence des immigrés les uns avec les autres pour déterminer qui est le plus américain, et à l’issue de chaque épisode d’une durée d’une heure, renvoyer (de l’émission) un participant.

Interrogé sur le sujet, le ministère a expliqué que l’idée «n’avait été ni approuvée ni rejetée», soulignant dans un communiqué que «chaque proposition passe par un processus rigoureux de vérification avant d’être rejetée ou approuvée». «Nous devons raviver le patriotisme et le devoir civique dans ce pays et nous sommes heureux de passer en revue des propositions qui sortent de l’ordinaire», ajoute le texte.

Rob Worsoff raconte dans le Wall Street Journal que l’émission se veut positive. «On ne parle pas d’un Hunger Games pour immigrés», dit-il au journal, en référence aux romans dystopiques et à la série de films qui en a été tirée sur des adolescents forcés de s’entretuer pour survivre lors de compétitions retransmises. «On n’est pas en train de dire, si tu perds, on t’expulse du pays par bateau», assure le producteur.

Parmi les épreuves envisagées, figurerait une «ruée vers l’or» où les concurrents tenteraient d’extraire le plus possible ce métal précieux d’une mine, ou une épreuve par équipe où les participants assembleraient le châssis d’une Ford T. L’émission commencerait à Ellis Island, l’île en face de Manhattan à New York où ont débarqué des millions d’étrangers au XXe siècle.

L’administration de Donald Trump, lui-même ancienne star de la téléréalité, a fait de la lutte contre l’immigration clandestine l’une des politiques phares du début de son second mandat. La police de l’immigration a mené de nombreux raids dans les grandes villes tandis que des dizaines de migrants ont été expulsés au Salvador aux termes d’une loi de 1798 applicable en temps de guerre. Le gouvernement a aussi annoncé la révocation des statuts de protection temporaires accordés aux ressortissants vénézuéliens, afghans ou haïtiens.