C’était, en temps de guerre, il y a une éternité. Fin janvier, sur un air de «mais pour qui se prend-il ?» l’administration Biden laissait filtrer sa fureur et son agacement à l’endroit de Volodymyr Zelensky après que celui-ci eut sèchement repris de volée, en conférence de presse, une sortie hasardeuse du président américain. Pire : il avait aussi fait l’éloge sur Twitter du sénateur Ted Cruz, l’un des fers de lance de l’obstruction républicaine aux politiques démocrates. Sans reconsidérer le soutien à l’Ukraine, ces indiscrétions distillaient l’idée que son jeune président, avec son parcours d’ex-bouffon télévisuel, manquait cruellement de préparation aux défis géopolitiques inhérents à sa fonction : comment était-il même pensable de se montrer si déplaisant à l’endroit du leader de la puissance susceptible d’armer son pays face à Poutine ? Un mois et demi plus tard, tout Washington ovationnait, debout, son allocution virtuelle face au Congrès, le 16 mars.
Edito
L’élection surprise de Zelensky, en 2019, si elle n’avait pas plus passionné l’Amérique que l’ordinaire des scrutins européens, y était signalée déjà comme un événement