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Avoir 20 ans à New York : «Nos vies ont été façonnées par la peur de l’autre»

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Les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unisdossier
Eleanor, Noah, Leo et Sean, vingtenaires ­new-yorkais, gardent peu de souvenirs de l’attentat mais s’alarment de ses répercussions sur la société contemporaine.
Eleanor et Noah, 23 et 24 ans, à New York, jeudi. (Ismail Ferdous/VU pour Libération)
par Philippe Coste, Correspondance à New York
publié le 11 septembre 2021 à 8h21

Quand il était à l’école primaire dans son quartier de Brooklyn, son meilleur copain lui demandait parfois de ne pas crier son prénom dans la cour de récréation. «C’est parce qu’il s’appelait Djihad. Moi, je ne voyais pas le problème, se souvient Sean O’Connell, 22 ans, diplômé cet été de la prestigieuse université Cornell. J’étais bien trop petit, le jour du 11 Septembre, pour avoir le moindre souvenir de l’événement en lui-même, mais j’ai compris peu à peu à quel point nos vies, notre société, jusque dans une métropole diverse et multiculturelle comme New York, avaient pu ensuite être façonnés par la peur, la peur de l’autre, de l’étranger, du vaste monde.»

Sean admet que sa génération s’accommode tant bien que mal à une réalité vieille de vingt ans : «Les contrôles aux aéroports dont on nous dit qu’ils étaient minimes avant 2001, l’appareil policier en place dans notre pays… Mais les Américains de notre âge sont dans une situation étrange. D’une part, nous abordons la vie sans avoir encore les moyens d’exercer une réelle influence sur la société. D’autre part, nous avons le sentiment d’être tributaires d’événements clés qui ont eu lieu avant même notre naissance.» Il se dit marqué par les visages des treize jeunes soldats morts aux côtés des dizaines de civils afghans lors de l’att