«Au bout du compte, c’est la volonté du peuple qui compte.» Dans une vidéo publiée sur sa plateforme Truth Social ce lundi 8 avril, Donald Trump a assuré qu’il souhaitait laisser la main libre aux Etats américains pour légiférer sur l’avortement. A sept mois de l’élection, l’ancien président semble ainsi rejeter l’idée d’une interdiction nationale de l’avortement, alors que le sujet est au cœur de la campagne présidentielle aux Etats-Unis.
«Les Etats détermineront par un vote ou par une loi, ou peut-être les deux. Quelle que soit leur décision, elle doit faire loi», a déclaré le candidat républicain dans sa vidéo, qui dure plus de quatre minutes. Posant entre deux drapeaux américains, Donald Trump s’est aussi vanté d’avoir été celui qui a facilité la fin de la garantie fédérale du droit à l’avortement, faisant référence à la tristement célèbre décision de la Cour suprême de démanteler l’arrêt Roe v. Wade en juin 2022.
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Depuis cette décision, une vingtaine d’Etats américains ont interdit ou sévèrement restreint l’accès à l’avortement. «Beaucoup [d’Etats] auront un nombre différent de semaines» comme durée limite de grossesse pour un avortement, a ajouté le républicain. «Certains seront plus conservateurs que d’autres, et c’est comme ça. Au bout du compte, c’est la volonté du peuple qui compte», a-t-il estimé. Avant de remercier les six juges conservateurs de la Cour suprême – dont trois qu’il a nommés – d’avoir «eu le courage de mettre fin à cette longue bataille» autour de Roe v. Wade.
L’IVG, sujet brûlant de la campagne
Tout au long de sa vidéo, Donald Trump a pris soin de ne pas mentionner une potentielle interdiction de l’avortement à l’échelle nationale. En mars, il avait d’abord affirmé qu’il pourrait se prononcer pour une telle interdiction au-delà de 15 ou 16 semaines, tout en estimant qu’il ne revenait pas à l’administration fédérale de trancher sur ces questions. Ce lundi, l’ex-président s’est contenté de conclure en précisant qu’il était «fortement en faveur» d’exceptions en cas de viol, d’inceste et pour sauver la vie de la mère.
Ces derniers mois, l’IVG est devenue un élément central de la campagne présidentielle. Surtout chez les démocrates, qui pointent régulièrement la responsabilité de Donald Trump dans la révocation de Roe v. Wade. L’ancien président, de son côté, avait jusqu’ici préféré esquiver le sujet, conscient de l’enjeu électoral que représente une telle question. Car si l’avortement est un cheval de bataille du mouvement conservateur depuis plusieurs décennies, son interdiction s’est avérée grandement impopulaire selon plusieurs scrutins récents.
Depuis le revirement de jurisprudence en effet, les conservateurs ont perdu chaque référendum ou scrutin abordant la question de l’avortement. Et ce, même dans des Etats qui leur sont d’habitude acquis, comme l’Ohio ou le Kansas. De quoi ravir les démocrates et notamment la vice-présidente Kamala Harris, qui multiplie les déplacements sur des campus américains pour évoquer le sujet.
Trump s’est «empêtré»
Face à la situation, Donald Trump n’a pas hésité à attaquer le camp rival ce lundi, qu’il a accusé d’être en faveur de l’avortement jusque dans les derniers mois de grossesse, et même d’«une exécution après la naissance». Une affirmation qui ne se base sur aucun fondement.
Côté démocrate, les réactions n’ont pas tardé. «Trump s’est empêtré», a déclaré Joe Biden dans un communiqué. «Il craint que les électeurs lui fassent rendre des comptes en 2024 à cause de sa responsabilité dans [la fin de la garantie fédérale du droit à l’avortement]. Et bien j’ai des nouvelles, Donald. Ce sera le cas».
Et le président n’est pas le seul à fustiger la position d’équilibriste de Donald Trump. Ce lundi, l’association anti-avortement Susan B. Anthony Pro-Life a exprimé sa «profonde déception». «Les enfants à naître et leurs mères méritent d’être défendues et protégées au niveau national face à la brutalité de l’industrie de l’avortement», a déclaré dans un communiqué sa présidente Marjorie Dannenfelser.