Née au Nicaragua, Bianca Jagger dénonce depuis plusieurs années la dérive autocratique de Daniel Ortega, président du pays depuis 2006 et candidat à un quatrième mandat successif en novembre, après avoir gouverné de 1985 à 1990. Figure du monde artistique des années 70 (alors mariée au chanteur des Rolling Stones, Mick Jagger, et amie d’Andy Warhol), elle a rapidement dépassé cette image pour s’engager dans des combats humanitaires. Elle préside la fondation qui porte son nom et a été nommée ambassadrice de bonne volonté par le Conseil de l’Europe. Depuis son domicile, à Londres, elle s’est entretenue avec Libération, après la vague d’arrestations d’opposants au Nicaragua ces dernières semaines.
Comment interprétez-vous l’escalade du président Daniel Ortega dans la répression de toutes les formes d’opposition ?
Certains pensent que, brusquement, Daniel Ortega s’est éloigné des principes de démocratie, de justice, de respect des droits humains. Mais ce n’est pas un dictateur sanguinaire de fraîche date, il l’est depuis de longues années. Et il y a de longues années qu’il fait tout ce qu’il peut pour se maintenir au pouvoir, je l’ai constaté personnellement depuis les élections de 1990.
Pourquoi personnellement ?
En 1990, j’étais au Nicaragua pour suivre une formation en