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Libération
La voie est libre

Bloqué pendant une semaine par un «convoi de la liberté», le pont Ambassador rouvre entre le Canada et les Etats-Unis

Axe stratégique entre les deux pays, l’ouvrage a rouvert après sept jours de blocage par les manifestants anti-mesures sanitaires. L’occupation de la capitale Ottawa, elle, se poursuit.
Des policiers déployés devant le pont Ambassador, dimanche. (Carlos Osorio/Reuters)
publié le 14 février 2022 à 8h05

«Le pont Ambassador est maintenant entièrement ouvert, permettant à nouveau la libre circulation du commerce entre les économies canadienne et américaine.» C’est par ce message laconique que la société exploitante de l’ouvrage, axe stratégique entre le Canada et les Etats-Unis, a annoncé dimanche soir – ce lundi à l’aube en France – un déblocage très symbolique. Le pont était occupé depuis une semaine par des manifestants anti-mesures sanitaires d’un autoproclamé «convoi de la liberté». Il aura fallu deux journées à la police canadienne pour parvenir à évacuer ce pont, qui relie Windsor en Ontario à la ville américaine de Detroit. La police a indiqué qu’entre 25 et 30 protestataires ont été arrêtés.

La réouverture était notamment très attendue par les Etats-Unis. En fin d’après-midi, dimanche, quand les manifestants avaient été évacués et qu’il ne restait que des vérifications à effectuer avant la réouverture, une conseillère du président Joe Biden avait exprimé la reconnaissance de Washington «pour les efforts résolus déployés par les forces de l’ordre [canadiennes] le long de la frontière pour parvenir à la levée complète des blocus». Les Etats-Unis avaient fait pression sur le gouvernement canadien en lui demandant, il y a quelques jours, d’employer «les pouvoirs fédéraux» pour mettre fin à un blocage ayant des «conséquences sérieuses» sur l’économie américaine.

Le maire de Windsor, Drew Dilkens, s’est réjoui que la «crise économique nationale au pont Ambassador [ait] pris fin aujourd’hui», allusion au lourd coût financier du blocus. La fermeture du pont a en effet entraîné des perturbations pour l’industrie automobile des deux côtés de la frontière. Plus de 25% des marchandises exportées entre les Etats-Unis et le Canada transitent par ce pont. Plus de 40 000 personnes l’empruntent chaque jour, notamment des infirmières canadiennes qui travaillent dans les hôpitaux de Detroit.

Troisième semaine de mouvement

Le mouvement de contestation canadien, qui entre dans sa troisième semaine, est parti de camionneurs protestant contre l’obligation d’être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Mais les revendications se sont étendues à un refus de l’ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau. Ce dernier a indiqué dans un tweet dimanche soir que son gouvernement «continue d’agir de toute urgence – pour protéger les emplois, la sécurité publique, nos quartiers et notre économie».

Des défilés ont eu lieu pendant le week-end dans plusieurs villes canadiennes, dont Ottawa, Toronto et Montréal samedi, et d’autres passages frontaliers demeurent bloqués dans les provinces du Manitoba et d’Alberta. Si la situation à Ottawa était plus calme dimanche, le mouvement n’a pas faibli dans la capitale canadienne paralysée par les manifestants depuis fin janvier. Le ministre de la Protection civile, Bill Blair, s’est montré très critique à l’égard de la police d’Ottawa, jugeant «inexplicable», dans une interview à la chaîne CBC, que la police de la ville ne soit pas capable de rétablir l’ordre. «La police doit faire son travail» et «faire appliquer la loi dans cette ville», a-t-il martelé.

Témoignant de l’exaspération croissante des résidents face à l’occupation du centre-ville, le week-end a aussi été marqué par des contre-manifestations. Certains se sont ainsi efforcés d’arrêter un convoi de protestataires dimanche. Une lueur d’espoir est toutefois apparue pour les résidents : la mairie d’Ottawa a fait état d’un accord possible avec Tamara Lich, l’une des organisatrices des protestations pour dégager les camions des zones les plus résidentielles.