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Aéronautique

Boeing 737 Max 9 : les compagnies United et Alaska ont trouvé des éléments mal fixés lors d’une inspection

Les compagnies aériennes américaines United Airlines et Alaska Airlines ont indiqué lundi 9 janvier avoir trouvé des éléments mal fixés lors de vérifications de leurs appareils Boeing 737 MAX 9, après qu’un avion de ce type a perdu une porte en plein vol vendredi 6 janvier.
Le trou béant à l'endroit où se trouvait la porte du vol 1282 d'Alaska Airlines, le dimanche 7 janvier 2024, à Portland (Oregon). (AP)
publié le 9 janvier 2024 à 10h13

L’inspection était plus que bienvenue. Lundi 9 janvier dans la soirée, les compagnies aériennes américaines United et Alaska, deux exploitants du Boeing 737 MAX 9, ont livré les premières conclusions de leurs vérifications entamées depuis le décrochage d’une porte vendredi 5 janvier au-dessus de Portland. United, qui dispose de la plus importante flotte de ce modèle au monde, a révélé avoir découvert des «boulons qui nécessitaient d’être resserrés» lors des vérifications apportées sur les portes condamnées des aéronefs de ce type, les mêmes que celle arrachée lors d’un vol Alaska Airlines aux Etats-Unis vendredi.

Alaska Airlines a également annoncé avoir détecté des «équipements mal fixés» sur certains de ses appareils de ce type, à la suite d’inspections préliminaires. Ces découvertes interviennent après que l’agence américaine de l’aviation civile (FAA) a demandé des inspections sur 171 Boeing 737 MAX 9, cloués au sol dans l’attente de ce passage en revue. «Depuis que nous avons entamé les inspections, samedi, nous avons fait des découvertes qui semblent liées à des problèmes d’installation du panneau obstruant les portes», a annoncé United dans une déclaration. «Par exemple, des boulons qui nécessitaient d’être resserrés», ajoute le texte. De son côté, la compagnie Aeromexico a indiqué lundi être dans la «phase finale d’une inspection détaillée» et anticiper la remise en service de ses MAX-9 «dans les prochains jours».

La condamnation de certaines portes est une configuration que propose Boeing à ses clients quand le nombre d’issues de secours existantes est déjà suffisant au regard du nombre de sièges dans l’appareil. Outre le 737 MAX 9, ce dispositif existe déjà sur d’autres modèles de Boeing, notamment le 737-900ER, lancé en 2006 et qui n’a connu, depuis, aucun incident similaire. Ces vérifications en série sont intervenues depuis la chute vendredi d’une porte en plein vol. Lors d’une liaison établie par la compagnie Alaska Airlines entre Portland (Oregon) et Ontario (Californie), la porte gauche obstruée s’est détachée de la carlingue en plein vol, provoquant la dépressurisation de l’appareil et blessant légèrement quelques passagers à bord.

Dimanche 7 janvier, à Cedar Hills dans la banlieue de Portland, c’est un enseignant prénommé Bob qui a découvert la fameuse porte au beau milieu de son jardin : un panneau blanc de 27 kg a précisé Jennifer Homendy, présidente de l’agence américaine chargée de la sécurité des transports.

Trou d’air en Bourse

Wall Street a mal réagi à cet incident. L’action de l’avionneur a chuté de 8,03 % sur la seule séance de lundi. Celle de son principal sous-traitant, Spirit AeroSystems, a, elle, plongé de 11,13 %. Dimanche, le PDG de Boeing, Dave Calhoun, avait décidé d’annuler une conférence qui devait réunir les cadres dirigeants du groupe en début de semaine, pour la remplacer par une réunion sur la sécurité prévue ce mardi et ouverte à tous les employés. Elle se tiendra à l’usine de Renton (Etat du Washington), dans la banlieue de Seattle.

NTSB, Boeing, Alaska Airlines et FAA cherchent à établir les circonstances exactes de l’incident, qui n’a fait que quelques blessés légers mais aurait pu se terminer «de façon plus tragique», selon Jennifer Homendy. Selon la NTSB, personne n’était assis aux deux places à côté de la cloison qui s’est envolée.

Selon Richard Aboulafia, directeur du cabinet de conseil AeroDynamic Advisory cité par l’AFP, cet incident «est révélateur d’un défi culturel majeur» au sein de Boeing. «Ils doivent changer», selon l’analyste qui ajoute : «Ils ne peuvent pas tituber de crise en crise.» En décembre, Boeing avait recommandé aux compagnies équipées de 737 MAX de vérifier le système de contrôle du gouvernail, après qu’une compagnie eut constaté qu’un écrou manquait sur l’un de ses avions. Selon la FAA, Boeing avait également observé qu’un écrou était mal vissé au même emplacement sur un appareil qui n’avait pas encore été livré.

Le maintien au sol de nombre de 737 MAX 9 a déjà entraîné l’annulation de plus de 1 000 vols depuis samedi, selon les données du site spécialisé FlightAware, principalement pour les compagnies Alaska Airlines et United, qui opèrent 144 des 218 MAX-9 en circulation. L’agence européenne de sécurité aérienne (EASA) n’a pas manqué de préciser qu’aucun opérateur en Europe n’utilisait le 737 MAX 9 avec les options techniques concernées.

Parmi la longue liste de problèmes techniques rencontrés par Boeing ces dernières années, les plus sérieux d’entre eux ont été les crashs de deux 737 MAX, en octobre 2018 en Indonésie et en mars 2019 en Ethiopie, qui ont causé la mort de 346 personnes au total. Après ces accidents, liés au logiciel de pilotage MCAS, tous les 737 MAX avaient été cloués au sol durant vingt mois. A fin décembre, le constructeur avait livré plus de 1 370 exemplaires du 737 MAX et son carnet de commandes dépassait les 4 000 unités.