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Scrutin

Bolivie : le candidat de centre-droit Rodrigo Paz élu président, après 20 ans de socialisme

Face à la profonde crise économique que traverse le pays, le futur président a plaidé pendant sa campagne pour un «capitalisme pour tous», à base de forte réduction des dépenses publiques et d’ouverture au secteur privé.

Rodrigo Paz, dimanche 19 octobre 2025 à La Paz. (Lucas Aguayo/AFP)
Publié le 20/10/2025 à 7h36

A l’issue de deux décennies de présence de la gauche au pouvoir, le second tour se jouait entre un candidat de centre-droit et un autre de droite. L’élection présidentielle en Bolivie a été remportée par le premier, Rodrigo Paz, d’après les résultats proclamés dimanche 19 octobre dans la soirée.

«Il faut ouvrir la Bolivie au monde et lui redonner un rôle», a lancé Rodrigo Paz, crédité de 54,6 % des voix après le dépouillement de 97,8 % des bulletins, selon le Tribunal suprême électoral (TSE). Son adversaire de droite Jorge «Tuto» Quiroga obtient 45,4 % des suffrages. Celui-ci a appelé son aversaire pour reconnaître sa défaite.

Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a félicité le président élu, saluant «une occasion de transformation», après «deux décennies de mauvaise gestion». Il a ajouté que les États-Unis étaient prêts à coopérer avec la Bolivie sur la sécurité régionale, les investissements et la lutte contre l’immigration illégale.

Rodrigo Paz accède au pouvoir dans un pays qui, sous Evo Morales (2006-2019), a poussé très loin le virage à gauche : nationalisation des ressources énergétiques, rupture avec Washington, alliances avec le Venezuela d’Hugo Chavez, Cuba, la Chine, la Russie ou encore l’Iran.

Héritier d’une influente dynastie politique, Rodrigo Paz est un modéré au ton populiste qui se présente comme un homme de consensus. Il succédera le 8 novembre à l’impopulaire Luis Arce, qui a renoncé à se représenter et quittera le pouvoir au terme d’un mandat de cinq ans marqué par la pire crise économique que le pays ait connue en 40 ans.

Inflation et pénurie de carburant

La chute des exportations de gaz, due au manque d’investissements, a tari les réserves en dollars et rendu intenable la coûteuse politique de subvention des carburants. Faute de devises pour les importer, la pénurie d’essence et de diesel s’aggrave et les prix s’envolent.

L’inflation annuelle dépasse à présent 23 %, et les longues files de véhicules attendant un hypothétique réapprovisionnement des stations-service sont devenues banales dans ce pays presque deux fois plus grand que la France, mais avec 11,3 millions d’habitants.

Les deux candidats ont prôné des politiques similaires, fondées sur une forte réduction des dépenses publiques - notamment des subventions aux carburants - et une plus grande ouverture au secteur privé.

Rodrigo Paz a cependant défendu un «capitalisme pour tous» fondé sur la décentralisation et la rigueur budgétaire avant tout nouvel endettement. Son rival, plus radical, plaidait pour une ouverture totale aux marchés internationaux et le recours à de nouveaux crédits.

Il ne disposera pas d’une majorité au Parlement, ce qui va le contraindre à former des alliances. Le nouveau président élu devra également faire face à la vive opposition d’Evo Morales, toujours populaire parmi les Boliviens autochtones notamment et qui n’a pas pu se présenter en raison de la limite des mandats. Devant la presse, le populaire vice-président élu, Edmand Lara, a appelé «à l’unité et à la réconciliation entre les Boliviens».