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Obstination

Brésil : à 80 ans, Lula annonce sa candidature à la présidentielle de 2026

Depuis la fin de la dictature militaire en 1985, le chef d’Etat de gauche n’a été absent que de deux scrutins. C’était alors sa protégée Dilma Rousseff qui représentait le Parti des travailleurs.

Luiz Inácio Lula da Silva à Jakarta, en Indonésie, ce jeudi. (Willy Kurniawan/REUTERS)
Publié le 23/10/2025 à 17h52

Et de huit. Le président brésilien de gauche Luiz Inácio Lula da Silva a déclaré jeudi à l’occasion d’une visite officielle en Indonésie qu’il serait candidat à sa réélection lors du scrutin de 2026. «Je vais briguer un quatrième mandat au Brésil […]. Mon mandat se termine fin 2026, mais je me prépare à disputer de nouvelles élections, a déclaré Lula lors d’un discours au côté de son homologue indonésien, Prabowo Subianto, à Jakarta. Je vais avoir 80 ans [lundi prochain], mais vous pouvez être sûr que j’ai la même énergie que quand j’en avais 30.»

Ce sera la huitième fois que Lula se portera candidat à la présidentielle brésilienne : depuis la fin de la dictature militaire en 1985 et le premier scrutin démocratique quatre ans plus tard, il n’a été absent que lors de deux élections : celle de 2010 à laquelle il ne pouvait se présenter parce qu’il avait d’ores et déjà enchaîné deux mandats, et celle de 2014, remportée par sa successeuse et protégée Dilma Rousseff. Auparavant, il avait échoué en 1989, 1994, et 1998, jusqu’à son premier succès en 2002 et sa réélection quatre ans plus tard.

En 2018, après la destitution de Dilma Rousseff, emportée par le scandale Petrobras, Lula avait été de nouveau désigné candidat par le Parti des travailleurs. Lui-même condamné dans la même affaire, il avait fait campagne depuis sa prison, jusqu’à ce que le Tribunal suprême fédéral le déclare inéligible, ouvrant la voie à l’élection de l’extrême-droitier Jair Bolsonaro. Il prendra sa revanche en 2022, en accédant de nouveau à la plus haute fonction.

«Motivation» et «vigueur physique»

Ces derniers mois, le président brésilien, a laissé entendre à plusieurs reprises qu’il avait l’intention de briguer la réélection s’il était en bonne santé, sans le confirmer de façon catégorique. «Si, au moment de décider, j’ai la motivation que j’ai aujourd’hui, la vigueur physique que j’ai aujourd’hui, l’envie que j’ai aujourd’hui, je n’ai aucun doute que je serai candidat à la présidence de la République pour un quatrième mandat», avait-il dit à une radio locale début octobre.

Fin 2024, sa capacité à briguer la réélection avait été mise en doute quand il avait dû être opéré d’urgence pour résorber un hématome dans le crâne lié à une chute. Lula était également en difficulté dans les sondages, en raison notamment d’une forte inflation sur le prix des aliments début 2025. Mais il a connu un regain de popularité ces dernières semaines, en s’affichant en défenseur de la «souveraineté nationale» en pleine crise diplomatique et commerciale entre le Brésil et les Etats-Unis.

L’administration du président Donald Trump a imposé une surtaxe punitive de 50 % sur de nombreux produits brésiliens et a infligé des sanctions individuelles à des autorités du pays sud-américain en représailles à une supposée «chasse aux sorcières» contre son allié d’extrême droite Jair Bolsonaro. Déjà inéligible, Bolsonaro a été condamné en septembre à vingt-sept ans de prison pour une tentative de coup d’Etat visant à empêcher le retour au pouvoir de Lula après la victoire électorale de ce dernier fin 2022. Le camp bolsonariste s’est pour l’heure montré incapable de s’entendre sur un candidat pour 2026.