En tennis, on appelle ça un Grand Chelem. Depuis l’officialisation de la victoire de Lula, dimanche 30 octobre en fin de soirée, élu avec 50,9 % des suffrages exprimés face à Jair Bolsonaro, les félicitations des leaders du monde entier affluent. Parmi les premiers à réagir, Emmanuel Macron, dont la détestation pour l’actuel président d’extrême droite n’a de secret pour personne, s’est réjoui que s’ouvre «une nouvelle page de l’histoire du Brésil». «Ensemble, nous allons unir nos forces pour relever les nombreux défis communs et renouer le lien d’amitié entre nos deux pays», a-t-il adressé sur Twitter à un Lula qu’il tutoie.
Toutes mes félicitations, cher @LulaOficial, pour ton élection qui ouvre une nouvelle page de l'histoire du Brésil. Ensemble, nous allons unir nos forces pour relever les nombreux défis communs et renouer le lien d'amitié entre nos deux pays.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 30, 2022
Dans un communiqué publié dans la soirée, Joe Biden félicite «Luiz Inacio Lula da Silva pour son élection à la présidence du Brésil à la suite d’élections libres, justes et crédibles», assurant avoir «hâte de travailler» avec lui «pour poursuivre la coopération entre nos deux pays». Son prédécesseur à la Maison Blanche, Donald Trump, avait la veille apporté son soutien à Jair Bolsonaro, «l’une des meilleures personnalités politiques et l’un des plus grands leaders du monde».
«L’espoir que la déforestation sans limite dans la forêt tropicale brésilienne prenne bientôt fin»
Egalement «impatiente» de travailler avec Lula, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, appelle à «relever les défis mondiaux urgents, de la sécurité alimentaire au commerce et au changement climatique». Même son de cloche pour le nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak : «J’ai hâte que nous travaillions ensemble sur les questions qui comptent pour le Royaume-Uni et le Brésil, de la croissance de l’économie mondiale à la protection des ressources naturelles de la planète et à la promotion des valeurs démocratiques.» La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, met, elle, l’accent avant tout sur l’importance de son élection dans la lutte contre le réchauffement climatique et la mise en coupe de la forêt amazonienne : «Cette décision des électeurs brésiliens donne l’espoir que la déforestation sans limite dans la forêt tropicale brésilienne prenne bientôt fin et que le Brésil devienne à nouveau un moteur contre la crise climatique.»
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Celui qui sera investi à la tête du Brésil le 1er janvier prochain a également reçu les félicitations de ses homologues sud-américains, alors que beaucoup de pays de la région ont basculé à gauche ces dernières années. «Ta victoire ouvre une nouvelle ère dans l’histoire de l’Amérique latine. Un temps d’espoir et un avenir qui commence aujourd’hui», écrit le président d’Argentine Alberto Fernandez, assurant être un partenaire avec qui Lula pourra «travailler et rêver grand pour la bonne vie de nos peuples».
«Vive les peuples déterminés à être libres, souverains et indépendants ! Aujourd’hui au Brésil la démocratie a triomphé, félicitations Lula, je t’embrasse fort !», s’est réjoui le président Nicolas Maduro du Venezuela, pourtant accusé d’autoritarisme dans son propre pays. «Nous t’embrassons frère, Président Lula», a sobrement réagi le président de Cuba Miguel Diaz-Canel. Quant au président chilien Gabriel Boric, il a simplement tweeté : «Lula. Joie !»
De premières conséquences concrètes
La Chine et la Russie ont aussi salué l’élection de Lula. «J’attache une grande importance au développement des relations entre la Chine et le Brésil et je suis prêt à travailler avec le Président élu Lula», déclare Xi Jinping, selon des propos rapportés par la télévision d’Etat CCTV. La Chine et le Brésil sont d’importants partenaires commerciaux : le Brésil, plus gros exportateur de viande bovine au monde, en vend ainsi près de la moitié (48 %) à la Chine, qui est aussi son principal client pour le soja. Pour Vladimir Poutine, «les résultats de l’élection ont confirmé [la] grande autorité politique» de Lula. Le président russe «espère qu’en fournissant des efforts conjoints», les deux pays feront «en sorte de poursuivre le développement d’une coopération russo-brésilienne constructive dans tous les domaines».
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Enfin, sa victoire, bien qu’encore sur le papier seulement symbolique puisque Lula ne prendra le pouvoir que début 2023, a déjà des conséquences concrètes. La Norvège, qui avait gelé son aide financière contre la déforestation de l’Amazonie au Brésil sous la présidence de Jair Bolsonaro, va redémarrer sa collaboration avec Brasilia, déclare ce lundi le ministre norvégien de l’Environnement. «Nous avions une collaboration bonne et très étroite avec le gouvernement avant Bolsonaro et la déforestation au Brésil a fortement diminué sous la présidence de Lula da Silva, explique Espen Barth Eide à l’AFP. Puis on est entré en confrontation frontale avec Bolsonaro qui avait une approche diamétralement opposée face à la déforestation.» Sous la présidence de l’extrémiste de droite, la déforestation de la forêt amazonienne s’est accélérée de 70 %, un chiffre «scandaleux» selon la ministre.