Dix-neuf perquisitions, notamment au domicile et au siège du gouverneur d’Amazonas. Six incarcérations, dont celle du secrétaire d’Etat à la Santé. Mercredi, dans la capitale locale, Manaus, la police fédérale n’a pas chômé. Chez l’entrepreneur Nilton Lins Júnior, elle a même essuyé les coups de feu du maître des lieux. «Du jamais vu en trente ans de carrière», a commenté la procureure adjointe du Tribunal supérieur de justice brésilien (STJ). Lins s’est plus tard justifié : il pensait «être victime d’une prise d’otage». En réalité, la police venait l’arrêter car son complexe hospitalier, loué en avril 2020 par l’Etat et aménagé pour pallier le manque de lits de réanimation, se trouve au cœur d’un scandale de corruption. Depuis un an, les hautes sphères de l’Etat auraient trouvé plusieurs stratagèmes pour s’enrichir sur le dos de la pandémie.
Respirateurs surfacturés
L’enquête commence en juin 2020 lorsqu’une facture de 28 respirateurs fait tiquer la police fédérale. Le matériel a été commandé par le gouvernement à une société viticole, fournisseur pour le moins étonnant, à un prix bien trop élevé. En creusant un peu, les enquêteurs découvrent la supercherie. La cave à vin n’est qu’un intermédiaire. Le 8 avril 2020, après avoir acheté les respirateurs au prix du marché à un équipementier sanitaire, elle les revend 496 000 reais de plus aux autorités de santé, à qui elle reverse immédiatement le bénéfice. C’est donc l’équivalent de plus de 80 000 euros de fonds publics, alloués au gouver