Si l’argent n’a pas d’odeur, pour Bolsonaro, il doit sûrement avoir un goût. Peut-être celui de crèmes glacées ou de menus McDonald’s. L’ancien président, qui tarde à revenir des Etats-Unis où il s’est envolé juste avant l’investiture de son rival par crainte de poursuites judiciaires, est encore une fois sur le fil. Le secrétariat général de la présidence de la République brésilienne a rendu publiques, mercredi, ses transactions réalisées avec la carte bancaire présidentielle pendant son mandat. La requête a été émise par Fiquem Sabendo, une agence indépendante qui lutte pour l’accès à l’information et à la transparence des documents du service public. Lula, Dilma Rousseff, Michel Temer, Jair Bolsonaro… le tableur Excel, mis à la disposition de tous, répertorie les dépenses présidentielles depuis 2003.
McDonald’s, Pizza Hut, Burger King…
Au total, 27,6 millions de reais, soit un peu plus de 5 millions d’euros, ont été dépensés durant le mandat Bolsonaro, depuis 2019, jusqu’à sa défaite face à Lula. Beaucoup de ces transactions attirent l’attention, notamment des hébergements de luxe et des repas onéreux. L’ex-président brésilien a eu la carte facile durant son mandat et n’a pas vraiment lésiné sur ses dépenses. Elles ont été détaillées dans plusieurs médias nationaux brésiliens, dont O Globo.
La revue scientifique Núcleo do Conhecimento rappelle sur son site internet que l’utilisation de ressources publiques, via de la carte de crédit présidentielle, ne peut être exécutée que pour «les frais occasionnés par l’achat de matériel et la prestation de services». Le média national O Globo s’attarde sur quelques montants qui interrogent : la carte de crédit a permis de financer une soixantaine de commandes de crèmes glacées, pour 8 600 reais. Plus de 10,5 millions sont directement allés dans des chambres d’hôtels – notamment à l’hôtel Ferraretto de Guarujá – ou des appartements et 800 reais dans des menus chez McDonald’s. Sans oublier quelques repas chez Pizza Hut et un passage chez Burger King.
D’autres chaînes de restaurants étaient apparemment des lieux appréciés de l’ancien chef d’Etat, dont Outback, avec plus d’une dizaine de repas totalisés, financés par les ressources publiques. Des dépenses qui corrèlent, pour certaines, avec des moments de la vie personnelle de l’ancien président. 55 000 reais ont été dépensés en un week-end dans l’une des chaînes de boulangerie du pays, Santa Marta, pile au moment où l’un des fils Bolsonaro, Eduardo, célébrait son mariage, à Rio, en 2019.
Un des pays les plus inégalitaires au monde
De ces quatre ans, les médias brésiliens, dont Folha de Boa Vista, ont choisi de retenir la dépense la plus élevée en nourriture. Un restaurant de Boa Vista en Amazonie a coûté plus de 109 000 reais là où, comme le précise dans un tweet une députée de São Paulo Sâmia Bomfim (gauche), le plat coûte moins de 20 reais.
Esse pequeno restaurante fica em Boa Vista, Roraima. Bolsonaro gastou aí R$109 mil do cartão corporativo num único dia. A quentinha oferecida custa R$20. Pra conta fechar, teriam que fazer 5450 quentinhas no dia. 227 por hora, por 24h ininterruptas. No mínimo estranho, não acham? pic.twitter.com/OnGLyPCWOr
— Sâmia Bomfim (@samiabomfim) January 12, 2023
Pour le moment, l’ancien président ne s’est pas exprimé sur ces révélations. D’autres personnalités n’ont pas hésité s’exprimer sur ces révélations sur Twitter, dont William de Lucca, journaliste et activiste, s’interrogeant sur les dépenses de Bolsonaro dans ce qui semble être son supermarché préféré : «Il y a eu 1 490 achats pendant ses quatre années de mandat et Jair [Bolsonaro] y a dépensé 815 417,42 reais.»
Jair Bolsonaro tinha um supermercado favorito para usar o cartão corporativo da presidência: a rede Big Box (com o nome comercial de BIG TRANS COMERCIAL). Foram 1.490 compras durante os quatro anos de mandato e lá Jair gastou R$ 815.417,42 em várias unidades. pic.twitter.com/x9Leg5KlDK
— William De Lucca (@delucca) January 13, 2023
Le Brésil est l’un des pays les plus inégalitaires au monde. Selon le Réseau brésilien de recherches sur la souveraineté et la sécurité alimentaire, plus de la moitié des habitants du pays, 125 millions sur les 213 millions d’habitants, n’ont aucune certitude sur ce qu’ils pourront manger dans un avenir proche.