Une odeur d’urine se dégage de l’herbe trempée. Sur l’échangeur Santa Isabel, situé sur une sortie de la BR-116, l’autoroute qui relie São Paulo à Rio de Janeiro, la circulation est revenue à la normale. Mais les camions restent stationnés sur le côté. Depuis la proclamation du résultat de la présidentielle au Brésil, dimanche 30 octobre au soir, les chauffeurs routiers, une des assises les plus radicales de Jair Bolsonaro, protestent contre la défaite du président sortant face à Lula da Silva en bloquant des routes dans tout le pays.
Cigarette au bec, l’homme coupe le contact et descend de son véhicule. Il est à ce rassemblement en banlieue de São Paulo depuis lundi, parce qu’il «ne veut pas que Lula entre en fonction», lâche-t-il d’un ton bourru. Juste derrière, une camionnette est à l’arrêt. Ses deux occupants sont bien ennuyés. Les protestataires les ont «forcés» à les rejoindre alors qu’ils s’apprêtaient à livrer une cargaison d’eau minérale. «J’ai obtempéré par crainte qu’ils n’endommagent mon véhicule, dénonce son propriétaire. J’ai moi-même voté Bolsonaro, je pense qu’il faudrait s’assurer que les urnes n’étaient pas fraudées. Mais avec ce mouvement, c’est notre gagne-pain qui est en jeu.»
Les trois autres poids lourds stationnés en retrait sont inoccupés. «Leur