Une lettre de 33 pages, des accusations de persécution politique, de danger pour sa vie et, enfin, une demande d’asile politique. La police fédérale brésilienne a annoncé, mercredi 20 août, avoir retrouvé une longue missive dans le téléphone de l’ancien président Jair Bolsonaro, destinée au président argentin Javier Milei. Dans ce document, le leader d’extrême droite requiert l’asile chez son voisin. Selon Reuters, Bolsonaro, poursuivi pour tentative présumée de coup d’Etat à l’issue de l’élection présidentielle de 2022 remportée par Luiz Inacio Lula da Silva, avait rédigé ce message en février 2024, soit deux jours après que les autorités ont perquisitionné son domicile et son bureau dans le cadre d’une enquête le visant sur cette affaire. Il y invoque notamment «une persécution politique au Brésil», selon la police.
Selon l’Associated Press, Bolsonaro avait également admis, à la même date, avoir passé deux nuits à l’ambassade de Hongrie à Brasilia, alimentant les spéculations selon lesquelles il aurait tenté d’éviter son arrestation.
A ce stade, on ignore encore si la lettre a effectivement été envoyée à Buenos Aires. Les services de Javier Milei n’ont pas réagi dans l’immédiat, mais une source gouvernementale argentine a assuré à Reuters que le président n’avait reçu «aucune correspondance» de Jair Bolsonaro.
La police demande l’inculpation de Bolsonaro et de son fils
Ce document d’une trentaine de pages fait par ailleurs partie d’un long rapport de la police fédérale brésilienne concernant l’enquête visant Jair Bolsonaro et son fils Eduardo, résidant aux Etats-Unis, accusés d’avoir tenté d’entraver la justice. Dans ce compte rendu, la police estime notamment que les deux hommes ont agi «dans le but d’interférer dans le déroulement de l’action pénale».
La justice brésilienne a dès lors réclamé leur inculpation pour «coercition dans le cadre du processus» judiciaire et «abolition de l’État démocratique de droit». Ces deux infractions sont passibles de peines cumulées pouvant atteindre jusqu’à 12 ans de prison.
Installé aux Etats-Unis depuis mars, Eduardo Bolsonaro, troisième de la fratrie Bolsonaro, a mis entre parenthèses son mandat de parlementaire pour plaider en faveur de son père auprès des autorités américaines, dénonçant ce qu’il décrit comme la «tyrannie» du juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, chargé du procès contre l’ancien chef d’Etat.
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Dans ce rapport, il est également reproché à l’ancien président brésilien de ne pas avoir respecté des mesures de précaution de son assignation à résidence, comme éviter tout contact avec des personnes extérieures à son cercle familial. La police souligne également que l’ancien chef d’Etat aurait diffusé du contenu à ses alliés «pour frapper directement les institutions démocratiques brésiliennes, notamment la Cour suprême et même le Congrès brésilien».
La recommandation d’inculpation vise également le pasteur Silas Malafaia et Paulo Figueiredo, petit-fils du dernier président de la dictature militaire au Brésil, João Figueiredo (1979-1985). Tous deux sont des citoyens brésiliens proches de la famille Bolsonaro.
La Cour suprême du Brésil commencera à débattre le 2 septembre du jugement à l’encontre de Jair Bolsonaro, poursuivi pour tentative présumée de coup d’Etat lors de l’élection de 2022. S’il est condamné, Jair Bolsonaro risque jusqu’à 40 ans de prison. Lui ne cesse de se dire «persécuté» et innocent.