Le but était de provoquer «l’intervention des forces armées». Un partisan du président sortant Jair Bolsonaro, nommé Washington de Oliveira Sousa, a été arrêté samedi 24 décembre au Brésil pour une tentative d’attentat à proximité de l’aéroport de la capitale Brasilia. Le drame a été évité grâce au réflexe d’un chauffeur de camion-citerne, qui a prévenu la police après avoir trouvé deux bâtons de dynamite attachés à un fil dans son véhicule contenant des litres de produit chimique, ont révélé les médias brésiliens le jour de Noël.
L’explosion était prévue pour «déclencher le chaos», selon le suspect interrogé par la police, une semaine avant l’investiture du président élu, Luiz Inacio Lula da Silva. L’idée était de placer au moins deux engins explosifs à des endroits stratégiques du pays, notamment la sous-station énergétique de Taguatinga située près de l’aéroport de Brasilia, afin d’«empêcher l’établissement du communisme au Brésil», selon les déclarations du suspect.
Bien qu’il y ait eu une tentative de l’activer, l’engin n’a pas explosé, a déclaré Robson Candido, un haut responsable de la police de Brasilia. Mais cette velléité d’attentat «prouve que les camps des dits “patriotes’’ sont devenus des incubateurs de terroristes», a écrit sur Twitter Flavio Dino, appelé à être le ministre de la Justice du prochain gouvernement de Lula.
«Inspiré par les paroles du président Bolsonaro»
Selon le suspect, le plan n’a pas été pensé seul. L’homme de 54 ans a affirmé que l’entreprise avait été conçue avec d’autres bolsonaristes, ayant manifesté pendant des jours après l’annonce de la défaite du président sortant devant le quartier général de l’armée à Brasilia. Dans l’appartement où résidait Washington de Oliveira Sousa, employé d’une station-service située dans le Parà, un état du nord du pays, la police a trouvé une quantité importante d’armes. Selon ses aveux, le détenu prévoyait de les distribuer aux personnes campant devant la caserne.
Le suspect s’est dit «inspiré par les paroles du président Bolsonaro» pour acquérir les armes, d’une valeur estimée à 160 000 reais (environ 31 100 dollars), détaille le journal Folha de Sao Paulo. De l’argent tout droit venu des caisses de l’Etat : entre avril 2020 et juillet 2021, Ana Claudia Leite de Queiroz Sousa, l’épouse du suspect, a reçu au moins 16 versements d’aide d’urgence. Une aide créée par le gouvernement du président Jair Bolsonaro pour venir en aide aux familles à faible revenu pendant la crise provoquée par la pandémie de coronavirus.
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Après la victoire serrée de Lula au scrutin du 30 octobre avec 50,9 % des voix contre 49,1 %, les partisans de Jair Bolsonaro ont refusé de croire à la défaite en manifestant et bloquant de nombreuses routes. Et deux mois plus tard, les manifestations pro-Bolsonaro persistent toujours, protestant devant certaines casernes du pays. Dans des déclarations publiques, Jair Bolsonaro a plusieurs fois affirmé qu’«un peuple armé ne sera jamais asservi».
La juge Acácia Regina Soares a estimé que les faits caractérisent un risque grave pour la sécurité publique. Elle a également déclaré que l’accusé mettait la société entière en danger. George Washington Oliveira Sousa a été mis en examen pour terrorisme, possession et port d’armes et de munitions et possession d’engin explosif. Lula, 77 ans, président du Brésil entre 2003 et 2010, doit officiellement être nommé président pour la troisième fois dimanche 1er janvier, lors d’une cérémonie organisée dans la capitale.