D’un geste ample de la main, Yaritza Marin désigne l’étendue multicolore des maisons alignées en contrebas. Des cabanes de brique et de ferraille, pour la plupart, au milieu desquelles serpente le Río Indio, qui se jette quelques mètres plus loin dans la mer des Caraïbes, sur la côte est du Panamá. Yaritza Marin habite là, à Boca de Río Indio depuis qu’elle est venue au monde il y a près de cinq décennies. Elle soupire : «Lors de la saison des pluies, toutes ces maisons sont menacées par les inondations. La dernière fois, l’eau est arrivée presque jusque chez moi.» Çà et là, des habitants ont édifié des murs ou des barrières pour se protéger des crues. Ils redoutent que leurs efforts soient vains, désormais, si le projet de construction d’un gigantesque réservoir d’eau à destination du canal de Panamá, soutenu par le gouvernement, venait à se concrétiser.
Officiellement, le village de Boca de Río Indio, situé en aval du site dédié au réservoir, ne sera pas affecté par la nouvelle infrastructure. «La construction du lac n’aura pas d’incidence sur les